Sané, village situé dans la commune de Tanghin-Dassouri, à une quarantaine de kilomètres de Ouagadougou, s’est souvenu de leur ami bienfaiteur Abrahamovich Sacha Alexander, communément appelé « Père Abraham ». C’était à l’occasion d’une cérémonie d’hommage tenue le dimanche 09 août 2020.
« Père Abraham », né le 10/09/1926 et décédé le 19/03/2020 à Vienne, en Autriche, a reçu un vibrant hommage pour son engagement et son dévouement pendant plusieurs années au rayonnement et au développement du village de Sané. Cette cérémonie qui intervient quatre mois 20 jours après la date de son décès, a également été riche en témoignages. De ces derniers, celui de Ousmane Kaboré, de la première promotion de l’école primaire publique de Sané. Il a pris la parole au nom de tous les anciens élèves de l’école pour rendre hommage au Père Abraham sans oublier le premier directeur de l’établissement, Albert Kéré, décédé le 24 mai 2020, à Ouagadougou. « Sonnés et assomés, nous sommes ; mais patients, nous demeurons convaincus que sa joie de vivre ici-bas, n’aura d’égale que le bonheur éternel qui l’attend là-haut ; Plaise à Dieu tout-puissant, de le lui accorder », a déclaré le porte-parole avant d’indiquer « la gratitude dit-on, est la mémoire du cœur ».
Fort d’une telle citation, il est revenu sur quelques-unes des œuvres dont ils ont été les heureux bénéficiaires : « la construction d’infrastructures scolaires (salles de classe, logements d’enseignants…) ; l’octroi de bourses d’étude et d’allocation alimentaire, servies annuellement ; la dotation de bicyclettes aux nouveaux collégiens, etc. ».
Pour sa part, Bernard Sam, fils de Sané et l’une des personnes ayant participé à la venue du bienfaiteur Abraham à Sané, a fait savoir : « le malheur de t’avoir perdu ne doit pas nous faire oublier le bonheur de t’avoir connu ». Il a, ce faisant, rappelé l’histoire de la rencontre entre l’un des fils de Sané et le « Père Abraham », qui a conduit le père missionnaire à jeter son dévolu sur Sané. « Il a décidé, dans les années 80, d’investir dans une zone en Afrique de son choix (Sané) grâce à une rencontre qu’il a eue avec un de nos frères, Moustapha, qui réside à Vienne. Des entretiens, ici, de leur rencontre, est né l’intérêt de Sacha pour Sané et celui-ci débarqua à Ouagadougou dans le courant du premier trimestre de l’année 1984… », a-t-il indiqué.
Le président de la cérémonie, le maire de la commune de Tanghin-Dassouri, Alassane Kiemtoré, a d’emblée remercié l’ensemble des acteurs qui ont contribué à la tenue de l’événement. Pour lui, cette cérémonie est une reconnaissance pour le bienfait et l’ardeur du « père blanc » à la question humaine. Aussi estime-t-il qu’à travers la célébration du personnage d’Abraham, l’on célèbre aussi tout individu qui s’est sacrifié afin de donner du sien pour que les populations les plus démunies puisse retrouver un tant soit peu le sourire ; sourire pour l’école, sourire pour la santé, sourire pour le social, sourire pour l’alimentaire.
Pour terminer, il a appelé les populations à raviver la flamme qui brûle depuis lors. « Faire des funérailles pour un blanc, c’est une reconnaissance ; et cette reconnaissance, c’est de garder cette flamme. Il faut que Sané, à partir de là, puisse toujours continuer à communier ensemble pour que Sané continue dans ce pôle de concept de développement durable humain. Sans cela, tout ce que Abraham a fait tomberait un jour », a lancé Alassane Kiemtoré.
D’autres témoignages, notamment ceux du 1er président des parents d’élèves de Sané ; de la maison des céréales ; de la maison du jardinage ont été entendus. Tous, du 1er responsable de la commune aux populations, lui ont rendu hommage, et lui ont souhaité un repos éternel. Cette cérémonie a de même vu la mise en terre d’un plant et la visite d’une exposition photos dédiés aux réalisateur du « Père Abraham ».
Pour rappel, cette cérémonie d’hommage fait suite à une cérémonie de reconnaissance célébrée à l’occasion du 20e anniversaire de l’intervention du « Père Abraham » à Sané, le 20 janvier 2005. Elle fut initiée par les populations de Sané en collaboration avec l’association Buud-nooma de Sané ; et fut présidée par le ministre de l’Enseignement de base et de l’alphabétisation de l’époque, Matthieu Ouédraogo. Il fut élevé au grade de Chevalier de l’ordre du mérite burkinabè.
Tambi Serge Pacôme Zongo
Latribunedufaso.net
Quelques réalisations du « Père Abraham » à Sané :
– en 1985, ouverture du chantier de l’école primaire où le premier bâtiment a été construit avec une nouvelle technologie de l’époque (briques pressées confectionnées avec de l’argile et du ciment) ;
– envoie pour la formation de deux fils de la localité à Ouagadougou en confection de briques pressées confectionnées avec de l’argile et du ciment ;
– avec son accompagnement, l’école primaire de Sané fut normalisée en six classes en 1989, et depuis 1990 comme centre d’examen jusqu’à maintenant (aujourd’hui, l’école compte trois salles de classe chacun ; un bâtiment servant de bureau ; cinq logements d’enseignant ; un forage ; un jardin scolaire et des latrines) ;
– création d’une banque de céréales (approvisionnement annuel) ;
– une aide au maraîchage pour les paysans et une aide aux personnes indigentes et aux orphelins ;
– construction du CSPS, de la maternité et du dispensaire ;
– électrification de Sané avec une plateforme multifonctionnelle ;
– construction d’une aire d’abattage ;
– construction du CEG en 2011 et inauguré en 2012, etc.
TSP