Du 28 au 30 septembre 2023, la capitale burkinabè accueille la 5eme édition de la Semaine des activités minières de l’Afrique de l’Ouest (SAMAO). Le thème de la présente édition vise à réfléchir sur la contribution des exploitations minières au développement des économies locales. A l’issue de la cérémonie d’ouverture, des premiers responsables du secteur minier de plusieurs pays ont échangé sur la question autour d’un panel de haut niveau. Il portait sur le thème « Exploitation minière en Afrique : quelle stratégie pour impacter les économies locales ? ». Il s’agit du ministre de la Géologie et des Mines du Tchad, Abdelkerim Mahamat Abdelkerim, du Directeur adjoint du Cabinet du ministre de l’Energie, de l’Eau et des Mines du Benin, Alassane Tossounon Kora, du ministre de l’Energie, des Mines et des Carrières du Burkina Faso, Simon-Pierre Boussim et du ministre de l’Economie, des Finances et de la Prospective du Burkina Faso, Dr Aboubacar Nacanabo.
Ce panel a permis aux communicateurs d’évoquer l’importance des industries minières dans l’économie des pays et les politiques mises en place pour permettre aux communautés locales de bénéficier des avantages du secteur. Aussi, ont-ils discuté sur les difficultés liées à la mise œuvre de ces politiques qui font que l’impact de l’exploitation minière au niveau des économies locales n’est pas perceptible. Pour finir, ils ont proposé des pistes de solutions.
La contribution du secteur à l’économie nationale
Il ressort des communications que le secteur minier joue un rôle important dans le développement des économies des pays. Prenant l’exemple sur le Burkina Faso, le ministre de l’Economie, Dr Aboubacar Nacanabo dit qu’il apporte plus de 500 milliards de FCFA de recettes fiscales soit 20%, près de 2800 milliards de FCFA de recettes d’exportation et 10000 emplois directs créés. « En termes de chiffres, on peut dire que les industries minières apportent beaucoup à l’industrie du Burkina Faso. La problématique, c’est qu’est-ce que cela rapporte au niveau des économies locales ? », s’est-il questionné.
L’impact des exploitations minières n’est pas perceptible sur les économies locales
A écouter le ministre des Mines du Burkina Faso, Simon-Pierre Boussim, l’impact du secteur sur le développement des économies locales n’est pas perceptible. Face à cette situation, le pays à développer des politiques en faveur des communautés locales. Il s’agit notamment du Fonds minier de développement local (FMDL), du concept de Contenu local et la perception des taxes. Cependant, il y a des goulots d’étranglement qui entravent la bonne mise en œuvre de ces politiques. Pour le FMDL, il cite la non réalisation des infrastructures attendues. En ce qui concerne le Contenu local, il affirme que la difficulté majeure réside dans la compréhension du concept par les communautés car d’autres pensent que c’est leur commune seulement qui doit en bénéficier. En outre, il ajoute que certaine société ne donne pas des contrats claires aux fournisseurs locaux pour lever les fonds afin de financer leurs activités. « Au niveau national, il faut que les gens s’assument et soient des patriotes. Il ne faut pas chercher à exécuter les marchés du Contenu local avec des entreprises étrangères car les bénéfices iront à l’étrangers », a-t-il ajouté.
Le ministre des Mines du Tchad, Abdelkerim Mahamat Abdelkerim et le Directeur du Cabinet du ministre des Mines du Bénin, Alassane Tossounon Kora ont également abondé dans le même sens que M. Boussim en montrant les difficultés liées à l’impact du secteur sur l’amélioration des conditions de vie des populations.
Proposition de pistes de solutions
Les panelistes ont proposé un certain nombre de solutions pour permettre aux politiques (FMDL, Contenu local) d’être efficaces afin que les économies locales tirent le maximum de profits de l’exploitation minière. En effet, ils ont proposé la nécessité de créer au niveau des différents Etats ce qu’ils ont appelé « les champions nationaux ». Il s’agit d’inciter les opérateurs nationaux à se lancer dans le secteur. En outre, ils ont également proposé la mutualisation des expériences, des technologies et des outils des différents pays afin de développer le secteur minier et faire en sorte que les économies locales en tirent davantage profit.
Aussi, ils se sont intéressés à l’approche de la Responsabilité sociétale des entreprises qui évoluent dans le secteur. Ils leur ont recommandé de renforcer les capacités des populations à la base et les aider dans les activités génératrices de revenus à travers la mise en place d’un fonds de garantie qui leur permettra de tirer le maximum de profits de l’exploitation minière dans leur zone.
Ils ont également abordé la question des Etudes environnementales et sociales qui doivent être revues et suivies afin que les sociétés minières se conforment à leurs engagements pris au niveau des Plans de gestion environnemental et social qu’elles-mêmes ont proposé et adopté et qui leur ont permis d’avoir les permis d’exploitation. En ce qui concerne la restauration des sites miniers, les communicateurs ont proposé d’aller vers la mise en place des fonds de réhabilitation et de fermeture. Ce qui va permettre d’aider à la restauration du site quant la société minière sera amenée à partir.
Issouf Tapsoba
Latribunedufaso.net