Mines : L’AGC, un partenaire des acteurs dans la promotion des bonnes pratiques dans l’exploitation artisanale de l’or

Au cours de ces deux dernières décennies, le sous-secteur de l’artisanat minier a connu un développement rapide au Burkina Faso. En effet, on compte à ce jour plus de 600 sites actifs d’exploitation artisanale de l’or répertoriés et plus de 1 million de personnes vivant de cette activité, selon une cartographie des « sites d’orpaillage » réalisée en 2018. Cependant, cet engouement pour l’activité d’exploitation artisanale des mines et carrières n’est pas sans conséquence. 

Elle a des effets néfastes sur les plans environnemental, économique et social. Dans ces actions d’encadrement de ce sous-secteur, le gouvernement a créé un cadre d’échanges, de partage d’expériences et de promotion des bonnes pratiques. Il s’agit de la Journée de l’artisan minier (JAM). Les travaux de la deuxième édition, ténus à Gaoua (21-22 juillet 2023), ont connu la participation des acteurs dans les différentes communications. Le coordonnateur de projet de Artisanal gold council (AGC), Saïdou Kabré a fait une communication au cours d’un panel ayant pour thème : « Exploitation artisanale durable : défis et enjeux liés à son organisation ». Il a partagé les expériences de l’AGC dans le domaine, les difficultés rencontrées et a proposé des perspectives.

Selon lui, l’AGC est une Organisation non gouvernementale ( ONG) canadienne, qui œuvre dans l’organisation du sous-secteur de l’artisanat minier à travers une approche globale intégrée pour la professionnalisation des acteurs dans un cadre formalisé. A cet effet, la structure aide ces derniers à se formaliser, à renforcer leurs capacités à travers des séances de formation sur les bonnes pratiques et à accéder au financement ainsi qu’au marché.

Le coordonnateur de projet de AGC, Saïdou Kabré avec les prix reçus par l’ONG lors de la JAM pour son accompagnement des artisans miniers à l’utilisation des bonnes pratiques.

En ce qui concerne l’aide à la formalisation, l’AGC a réalisé beaucoup d’actions au profit des acteurs. Selon Saïdou Kabré, il s’agit notamment de l’appui au processus d’identification des artisans miniers (217 cartes d’artisans miniers délivrées avec le soutien d’AGC au cours de l’année 2022) et du soutien à la mise en place des coopératives d’artisans miniers (4 coopératives mises en place entre juin 2022 et juillet 2023). A cela s’ajoute l’appui à l’obtention des Autorisations d’exploitation artisanale (AEA) et des conventions de gestion des sites. A ce niveau, l’AGC a un processus d’accompagnement en cours de 3 sites dans la Bougouriba dont 1 dossier en cours d’instruction à l’Agence nationale d’encadrement des exploitations minières artisanales et sémi-mecanisés (ANEEMAS).

Quant au renforcement de capacités ainsi que la professionnalisation des acteurs, l’ONG a mis en place un programme de formation certifiant de niveau CQB et BQP en technologie de traitement de minerai sans mercure (formation en cours de 100 artisans miniers en CQB, un recrutement de 50 artisans miniers en vue à former au niveau BQP…). Aussi, il y a l’installation d’une unité pilote de traitement de minerai au profit de ces derniers.

L’équipe de l’AGC à la JAM.

L’AGC à également mis en place un fonds afin d’accompagner les artisans miniers a accéder au financement pour le développement de leurs activités. Cela est appuyé par l’organisation de cadres de rencontre multi acteurs pour faciliter la vente du minerai et la mise en place d’outils de traçabilité sur sa commercialisation.

Difficultés rencontrées

L’ONG fait face à plusieurs difficultés dans la réalisation de ses activités. Il s’agit particulièrement de celles liées à la mobilisation des artisans miniers à cause de leur mobilité pendant les périodes de fermeture des sites et pendant la saison hivernale. Aussi, l’AGC note une forte expression des besoins en formation et en équipements d’extraction et de traitement du minerai qu’elle n’arrive pas à honorer. En outre, Saïdou Kabré déplore un taux d’utilisation élevé des produits chimiques dont le mercure, malgré les actions de sensibilisation et de vulgarisation des technologies propres auprès des acteurs. Pour lui, cela pourrait être dû à un faible accès des artisans miniers aux équipements à cause de leurs coûts relativement élevés.

Recommandations pour un meilleur encadrement du sous secteur 

Il s’agit notamment de mettre en place des bureaux d’encadrement plus proche des sites, d’apporter un appui technique (données géologiques, usages des outils de précision comme la boussole) aux artisans miniers et d’impliquer d’avantage les autorités locales dans le processus d’octroi des autorisations d’exploitation (offrir la possibilité aux collectivités l’octroi d’autorisation pour les sites temporaires).

Par ailleurs, il y a la réduction des délais de traitements et les coûts des AEA et conventions de gestion, l’obligation de consulter les communautés hôtes avant l’octroi des AEA et l’institution de cadres de dialogues permanents entre artisans miniers et sociétés minières pour promouvoir leur cohabitation.

Les perspectives de l’AGC

A en croire au coordonnateur de projet de AGC, Saïdou Kabré, l’ONG ambitionne faire du Burkina Faso un hub régional pour ses interventions dans les pays du Sahel. Aussi, elle prévoit soutenir le renforcement des capacités des acteurs étatiques et de la société civile en matière de traitement du minerai sans produits chimiques prohibés et de soutenir la mise en place de technologies en matière de raffinage adaptée aux besoins de l’artisanat minier.

Issouf Tapsoba

Latribunedufaso.net

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