Ceci est une déclaration du Syndicat national du Personnel des Droits humains (SYNAPDH) sur l’affaire de guérisseuse de Komsilga.
Depuis quelques temps le Syndicat national du Personnel des Droits humains (SYNAPDH) constate avec consternation une succession de faits très graves qui remettent en cause les principes de l’État de droit et les libertés démocratiques chèrement acquis par le peuple burkinabè. Ces faits qui ne s’accommodent nullement avec les valeurs et principes de l’État de droit et des droits humains sont entre autres des enlèvements et arrestations au mépris des règles de procédure pénale, disparitions forcées, mort suspecte, immixtions intempestives dans des affaires judiciaires, etc.
Le dernier en date est l’intrusion malheureuse dans la soirée du 28 juillet 2023 de militaires encagoulés et armés à bord de deux (02) pickups et d’un blindé pour extraire une prévenue de l’exécution d’un mandat de dépôt décerné par le Procureur du Faso près le Tribunal de Grande Instance de Ouaga II.
Ces faits ne sont rien d’autre qu’une forfaiture de trop et une immixtion cavalière et inacceptable de l’exécutif dans le judiciaire alors même qu’il est sensé accompagner ce dernier en lui facilitant l’exercice de sa mission régalienne et en assurant l’exécution de ses actes et décisions.
Ces actes constituent, non seulement, une atteinte grossière et grotesque aux principes sacro-saints de la séparation des pouvoirs et de l’égalité des citoyens burkinabè, mais aussi et surtout, de graves violations des droits humains garantis par notre Constitution et par les instruments internationaux ratifiés par le Burkina Faso.
Le SYNAPDH voudrait rappeler que les droits humains sont déjà durement éprouvés par les activités des groupes armés terroristes. Par conséquent, l’État doit se garder d’en rajouter avec de telles pratiques.
Au regard de l’extrême gravité de ces actes, le Syndicat national du Personnel des Droits humains, conformément à sa mission d’œuvrer au respect des droits humains et à l’émergence d’une justice équitable et à la promotion de la cohésion sociale au Burkina Faso :
- condamne énergiquement ces attitudes attentatoires aux valeurs et principes de l’État de droit, à l’indépendance de la Justice et à l’égalité des citoyens devant la loi ;
- invite l’exécutif à faire diligence pour une reprise de la procédure judiciaire jusqu’à son aboutissement, partant de l’exécution du mandat de dépôt décerné à l’encontre de dame NIKIEMA Amsétou, dite « guérisseuse de Komsilga » ;
- manifeste son entière solidarité à l’ensemble des acteurs de la justice qui œuvrent inlassablement à la protection des droits humains ;
- salue le professionnalisme des personnels du Tribunal de grande instance de Ouaga II et leur apporte son entier soutien ;
- encourage les Forces de Défense et de Sécurité et leurs supplétifs qui se battent au quotidien pour la restauration de l’intégrité territoriale et la sauvegarde de la nation burkinabè ;
- rappelle aux responsables du MPSR 2 leur engagement à respecter et à faire respecter les droits humains sur toute l’étendue du territoire tel que formulé dans leur communiqué n° 2 du 30 septembre 2022 ;
- interpelle le Président de la Transition sur sa responsabilité constitutionnelle de garant de l’indépendance de la Justice ;
- encourage tous les citoyens à œuvrer pour la promotion de la citoyenneté et de la paix au Burkina Faso et dans la sous-région ouest africaine ;
- exhorte les autorités de la Transition à se ressaisir et à considérer les critiques et propositions de l’ensemble des Burkinabè et à travailler à promouvoir l’unité et la concorde nationales en respectant l’égalité des citoyens devant loi.
Fait à Ouagadougou, le 1er août 2023
Pour le Bureau exécutif national,
le Secrétaire général adjoint
Karim OUEDRAOGO