Depuis quelques années, le Burkina Faso est engagé dans la transformation digitale de l’administration. Afin de réussir le pari, le pays a entrepris des politiques et stratégies de développement de ses infrastructures de télécommunication. Au nombre desquels, il y a la Stratégie nationale de développement de l’économie numérique (SN@DEN). Adopté en juin 2018, elle a pour vision : « A l’horizon 2027, le Burkina Faso dispose d’une économie numérique et des postes compétitive qui impacte positivement, durablement et de façon inclusive son développement ». Pour sa mise en œuvre, il y a eu l’élaboration d’un Schéma directeur d’aménagement numérique (SDAN).
Ce schéma doit servir d’outils pratiques et opérationnels afin de réduire la fracture numérique en termes d’accès au haut et très haut débit au Burkina Faso d’ici à l’horizon 2030. Après plus de 5 années de mise en œuvre, quel est l’état des lieux et les perspectives ? Le Directeur générale des communications électroniques (DGCE), Dr Marcel Bawindsom Kébré s’est prononcé sur la question. Il est au ministère de la Transformation digitale, des Postes et des Communications électroniques (MTDPCE).
Le backbone ou l’épine dorsale de la télécommunication est un réseau de transport permettant de raccorder les localités entre elles avec notamment des câbles en fibre optique. Selon le DGCE, Dr Marcel Bawindsom Kébré, en 2013, le territoire du Burkina Faso était faiblement parcouru par le backbone national. En effet, il couvrait seulement 6/13 chefs-lieux de régions (46%), 12/45 chefs-lieux de provinces (27%) et 28/351 chefs-lieux de communes (08%) du pays.
Pourtant, le gouvernement a défini le numérique comme un levier essentiel et transversal pour transformer l’économie et la société burkinabè. Pour développer le secteur, il a élaboré le SDAN. Sa vision est que d’ici 2030, le haut débit soit accessible sur l’ensemble du territoire national à un coût modéré, contribuant à la transformation structurelle du pays. Ce schéma est bâti sur 4 orientations stratégiques. Il s’agit d’étendre la couverture haut et très haut débit, d’abaisser la barrière tarifaire relative aux capacités, d’inciter le développement de contenus et hébergements nationaux et de renforcer la formation aux métiers du haut et très haut débit.
Les projets réalisés
L’opérationnalisation du SDAN a permis au pays de réaliser beaucoup de projets pour renforcer ses infrastructures de télécommunication. Il s’agit notamment des points d’échanges internet (1XP), des points d’atterrissement virtuel (PAV) et le développement du backbone national des télécommunications.
Le 1XP est une infrastructure qui permet aux opérateurs et fournisseurs d’accès internet, d’échanger localement du trafic internet entre leurs réseaux plutôt que d’avoir à échanger ces flux via des routes internationales. Il a pour avantage d’améliorer la qualité de la connectivité. Selon M. Kébré, présentement, le pays en dispose 2 dont un à Ouagadougou (réalisé en 2015) et l’autre à Bobo-Dioulasso (réalisé en 2020). A le croire, cela a permis aux internautes d’utiliser maintenant gratuitement Facebook (avec Moov) et de visionner des vidéos de qualité sur des plateformes comme Youtube, Netflix. Aussi, il y a l’apparition de la télévision IP ou IPTV. C’est une forme de télévision diffusée sur réseau utilisant le protocole internet.
Le PAV est un port sec pour câble sous-marin de fibre optique. En effet, des câbles de télécommunication se trouvent dans la mer, reliant les différents continents. Afin d’avoir accès aux données stockées à l’international, les pays enclavés doivent acheminer ces câbles des côtes jusqu’à leur pays. Conséquence, le coût de la connexion dans ces zones revient plus cher. Selon le DGCE, Dr Marcel Bawindsom Kébré, à la date de 2023, le Burkina Faso en possède 2 notamment le nœud de Ouagadougou réalisé en 2018 et celui de Bobo-dioulasso réalisé en 2020.
En ce qui concerne le backbone national en fibre optique des télécommunications, en 2023, on évalue à 2 893 KM de câbles reliant les différentes localités du pays. La réalisation de ces infrastructures, poursuit-il, a permis au pays notamment d’améliorer sa connectivité, de réduire le coût au profit des utilisateurs et de moderniser l’administration publique.
Les perspectives de développement des infrastructures
A en croire M. Kébré, le Burkina Faso envisage se lancer dans la 5G. Mais pour cela, il faudra d’abord construire d’autres infrastructures de communication électronique dont des Data Centers. Un Data Center ou centre de données, est une infrastructure composée d’un réseau d’ordinateurs et d’espaces de stockage. Il est utilisé pour organiser, traiter, stocker et entreposer de grandes quantités de données. « Le Burkina Faso a un projet de construction de Data Center à Bobo-Dioulasso avec l’accompagnement de la Banque mondiale », a indiqué le DGCE. Pour la réalisation de ce projet, le pays devra relever le défi de l’énergie car le Data Center en consomme beaucoup. Sa mise en place est également couteuse. A en croire M. Kébré, elle est estimée à 33 milliards de FCFA.
Issouf Tapsoba
Latribunedufaso.net