Production agricole : Les sécheresses ont un impact négatif sur le développement économique du Burkina 

Le Centre d’études, de documentation et de recherche économiques et sociales (CEDRES) de l’Université Thomas Sankara (UTS) a organisé le mercredi 15 mars 2023 à Ouagadougou, un atelier de dissémination des résultats de recherche.

La cérémonie d’ouverture de l’atelier a été présidée par le Directeur exécutif du CEDRES, Pr Youmanli Ouoba. Pour lui, il vise à partager les travaux du CEDRES sur le changement climatique. Ces recherches ont été financées par le Consortium pour la recherche économique en Afrique (CREA). En outre, cette activité vise également à rapprocher les chercheurs des décideurs pour avoir leur appréciation sur ces résultats de recherche afin qu’ils leur soient utiles dans la prise de décision.

La première étude présentée a porté sur l’évaluation des « impacts de la sécheresse sur le secteur des cultures et options d’adaptation au Burkina Faso : une analyse d’équilibre générale calculable ». Son auteur est Boureima Sawadogo, chercheur au CEDRES, UTS. Selon lui, depuis les années 1970, le Burkina Faso connait une récurrence de sécheresse et les plus sévères sont apparues notamment en 1970, 2011, 2014 et 2020 entraînant une destruction des productions agricoles et pastorales. Ces indicateurs l’ont convaincu à orienter ses recherches sur cette thématique pour déterminer les conséquences de la sécheresse sur l’économie du pays et formuler des recommandations si de telles événements se présentent encore dans l’avenir.

Il faut noter que les sécheresses (sévère, modérée ou faible) ont un impact négatif sur le développement économique du pays notamment la dégradation de la croissance du PIB, des performances en termes d’offre de produit alimentaire et du revenu des ménages surtout en milieu rural. 

« L’objectif est de comprendre l’effet d’un événement de sécheresse sur la création de richesse au Burkina Faso. Nous avons trouvé que les sécheresses peuvent réduire la création de richesse d’ordre d’environ 3 à 4% au cours d’une année donnée. Ses conséquences sont également énormes en termes d’approvisionnement en produits céréaliers. Elles contribuent à la réduction de 10% de l’offre alimentaire du pays dans l’ensemble » a-t-il indiqué.

Afin de juguler les effets néfastes des sécheresses sur la création de richesse au pays, cette étude a formulé des recommandations notamment l’adoption de variétés de culture tolérantes à la sécheresse, l’adoption de la gestion intégrée des sols et le développement des capacités d’irrigation. Cependant, l’auteur recommande que la priorité soit donnée au développement de l’irrigation.

La deuxième étude a été présentée par visioconférence depuis l’Université d’Abomey Calavi (Bénin) par Marthe Montcho du laboratoire d’écologie appliquée. Elle a orienté ses recherches sur « l’amélioration de la sécurité alimentaire dans un contexte de changement climatique et de perte de biodiversité : intégration des cultures à double usage dans l’élevage chez les petits producteurs laitiers des régions semi-arides et arides du Bénin et du Burkina Faso ».

Il ressort de cette étude que les cultures à double usage ont un fort potentiel pour améliorer simultanément les rendements céréaliers, la disponibilité et la qualité des aliments pour le bétail. Cependant, elles doivent être produites en fonction de leur résistance aux facteurs climatiques des différentes régions. Par exemple, dans les régions guinéennes du Bénin, le niébé à double usage et certaines variétés de maïs à double usage devraient être promus auprès des éleveurs laitiers, en remplacement du sorgho à double usage, très affecté par les facteurs climatiques de cette région principalement à fort pluviométrie. Concernant l’arachide à double usage (Arachis hypogaea L.), seule la variété ICGV 88 274, pourrait être recommandée dans les régions soudaniennes du Bénin.

Trois recommandations émergent de ces conclusions. Premièrement, le choix des cultures mixtes à généraliser en élevage laitier doit se faire par région climatique et en fonction de la résistance de ces cultures aux facteurs climatiques de la région. Deuxièmement, le choix des cultures mixtes à promouvoir doit également tenir compte de la variété. Certaines variétés de maïs et de sorgho sont très sensibles et ne doivent pas être promues même dans les régions réputées favorables à ces cultures. Enfin, le gouvernement doit actualiser ou revoir sa politique agricole en intégrant le climat des régions, ses variations et ses particularités.

Issouf Tapsoba

Latribunedufaso.net

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