Depuis quelques années, le Burkina Faso, connait un boom minier. Cette attractivité du secteur minier y draine beaucoup de monde. Dans le cadre de la prise en compte du Genre dans ce secteur, l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE) a édicté des normes en 2019. Après de deux années de mise en œuvre, quel est l’état des lieux au Burkina Faso ?
Cette étude conduite par Publiez ce que vous Payez (PCQVP) du Burkina Faso, dans le cadre du projet de promotion de l’Egalité de Genre dans la gouvernance du secteur minier au Burkina Faso, fait le point depuis 2019. Quelle est l’évaluation que l’on peut faire de la mise en œuvre des exigences de la norme ITIE 2019 relatives à la prise en compte du Genre dans le processus ITIE au Burkina Faso ? C’est quoi la norme ITIE 2019 ? Tout débute par la mise en œuvre d’un projet pilote (2018-2019) par Publiez ce que vous payez (PCQVP) sur la prise en compte du Genre dans le processus Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) au Burkina Faso, au Sénégal et en république de Guinée. Grace aux résultats de ce projet pilote, PCQVP international a fait un plaidoyer pour la prise en compte du Genre, parmi les exigences dans la norme ITIE adopté à Paris en juin 2019.
A cet effet, trois nouvelles exigences et un encouragement ont été introduits dans la norme ITIE et portent sur le Genre. Il s’agit de l’exigence 1.4 : le groupe multipartite et chaque collège tiendront compte de l’équilibre hommes-femmes dans leur composition afin de progresser vers la parité ; l’exigence 6.3 : le nombre des effectifs employés dans les industries extractives devront être désagrégées par sexe et, si possible par entreprise et par niveau professionnel ; l’exigence 7.1 : le groupe multipartite est tenu de : veiller à ce que les informations soient compréhensibles, notamment en s’assurant qu’elles sont rédigées dans un style clair et intelligible et disponibles dans les langues qui conviennent ; il se préoccupera des défis qui existent en matière de besoins et d’accès à l’information de certains groupes de citoyens, notamment selon des critères de Genre ; l’exigence 7.4 : le groupe multipartite est encouragé à expliquer quelles mesures ont été prises pour assurer l’égalité entre les sexes et l’exclusivité.
L’étude révèle que la mise en œuvre de l’exigence 1.4, relative à l’équilibre entre homme et femme dans le groupe multipartite (GMP) a connu une évolution significative au pays des Hommes intègres. De 2019 à 2021, le taux de représentativité des femmes dans le GMP est passé de 16% à 32% (1/3 des postes). Soit une évolution de 100% en deux ans de mise en œuvre de la norme ITIE 2019. Ce résultat est à mettre à l’actif du collège de la société civile, avec pour leader PCQVP Burkina Faso.
Pour ce qui est de l’exigence 6.3, le Burkina était en avance. En effet le rapport de conciliation 2016, publié par le Groupe multipartite (GMP) en 2018, avait désagrégé les emplois par sexe et par entreprise. Selon le rapport ITIE 2018 les entreprises minières avaient un effectif total de 10 252 employés, avec 623 femmes, soit une représentativité de 6,08%. Deux rapports ont été publiés par le GMP après l’adoption de la norme 2019. Conformément à l’exigence 6.3, les données sur les emplois ont été désagrégées par sexe, par entreprise et par catégorie socio-professionnelle.
Comme le veut l’exigence 7.1, le GMP a veillé à rendre les informations publiées dans les rapports de conciliation accessibles à tous les citoyens, en tenant compte des critères de genre. Pour permettre une meilleure appropriation par les populations, les rapports ont été traduits en langues nationales et les séances de diffusion se font en langues locales. Mais force est de constater que l’aspect genre n’est pas pris en compte lors de la dissémination des rapports. Si fait qu’il n’y a pas une pleine participation des femmes des communautés impactés par l’activité extractive.
Plusieurs mesures ont donc été prises pour permettre le suivi des efforts entreprises par les GMP pour promouvoir une perspective genre dans les activités de l’ITIE. Cela, conformément à l’exigence 7.4. Un diagnostic genre réalisé par le GMP a servi à l’élaboration d’une feuille de route et d’un plan d’action. Sans oublier la mise en place d’une cellule genre à l’ITIE Burkina Faso par le GMP, pour promouvoir la mise en œuvre des actions et assurer le suivi et la documentions.
L’étude conclue que sur les quatre exigences de la norme 2019 relative au genre, le Burkina Faso a pu satisfaire à une seule exigence. C’est l’exigence 6.3, qui veut que le nombre des effectifs employés dans les industries extractives soit désagrégé par sexe, si possible par entreprise et par niveau professionnel. Reste donc à relever le défi du plein respect des autres exigences pour se conformer.
Marcus Kouaman
Latribunedufaso.net