Plus de 30 ans après l’assassinat de Thomas Sankara et de douze de ses camarades, un procès fut ouvert en octobre 2021 et finalement un verdict prononcé ce mercredi 6 avril 2022 à Ouagadougou. Suite à cela, les avocats de la partie civile ont animé une conférence de presse ce jeudi 07 avril 2022 à Ouagadougou, en présence de Mariam Sankara, épouse de Thomas Sankara.
Pour les avocats de la partie civile, la mission de l’avocat n’est point ni de ruser avec la loi ni de tromper le juge ou de chercher à l’induire en erreur, mais de concourir à la manifestation de la vérité. Ils disent ainsi prendre acte de la décision rendue par la chambre du jugement du Tribunal militaire de Ouagadougou, à l’issue du procès de l’assassinat de Thomas Sankara et de douze de ses camarades. Et ils se félicitent des résultats auxquels ils disent être parvenus grâce à un travail d’équipe fait avec méthode dans la confraternité et dans l’engagement des Avocats qui ont vu à travers le procès Thomas Sankara la défense au-delà des intérêts familiaux, d’une cause : celle de la liberté africaine et la lutte contre l’impunité. Cette décision, si elle est une victoire, les avocats de la famille Thomas Sankara estiment qu’elle est d’abord le mérite de leur cliente principale, Mme Mariam Sankara, épouse de Thomas Sankara ; et ensuite, le fruit du combat de tous les hommes et femmes épris de justice, de vérité, de paix et de liberté comme valeurs cardinales de la dignité humaine. « En effet, la chambre de jugement du Tribunal militaire de Ouagadougou vient ainsi d’inscrire dans l’histoire judiciaire du Burkina Faso en lettres d’or le nom du juge Urbain Méda et celui de tous les membres de la chambre qui, pour la prospérité ont courageusement dit le doit et rendu la justice au nom du peuple burkinabè », a soutenu Me Stanislas Sankara lors de la lecture de la déclaration liminaire.
Toutefois, les animateurs de la conférence n’ont pas manqué de faire part de leur inquiétude quant aux zones d’ombre qui existent encore, « notamment au plan des complicités internationales et le fait que les véritables auteurs, Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando, ont pu fuir leur payer pour tenter de se dérober à la justice ». A cet effet, Me Prosper Farama espère que pour l’exécution de la décision du tribunal, l’État burkinabè mettra tout en œuvre pour que Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando soient extradés vers le Burkina Faso, afin de purger leurs peines. Et si ceux-ci doivent bénéficier d’une grâce, il estime que cela devrait se faire dans les règles de l’art, sans aucun privilège.
Pour ce qui concerne les intérêts civils, Me Prosper Farama a fait savoir que le procès se penchera sur cela le mercredi 13 avril 2022.
Quant à Mariam Sankara qui était présente, elle a saisi l’occasion pour remercier tous ceux qui ont contribué à ce que ce procès soit effectif. D’autant plus qu’elle estime que de ce procès, des vérités ont été dites, « même si elles font mal ». « Ce procès a permis de connaître la vérité sur ce qui s’est passé le jour de l’assassinat Thomas Sankara et ses douze camarades. Il y’a eu des témoignages vraiment édifiants ; certains témoins n’ont presque rien dit ; etc. Mais tout cela nous a permis de savoir qui est qui. Et nous sommes apaisés, malgré le fait que nous restons dans la douleur », a-t-elle affirmé.
Pour rappel, le verdict prononcé le mercredi 06 avril 2022 à Ouagadougou condamne Blaise Compaoré, Gilbert Diendéré et Hyacinthe Kafando à la prison à vie. Certains autres accusés ont été condamnés à des peines allant de trois (3) à vingt (20) ans de prison, tandis que trois (3) autres ont été acquittés.
Alizèta Zouré et Haramy Son
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