Gabriel Tamini et le Pr. Serges Théophile Balima étaient les deux témoins présents à la barre ce mercredi 1er décembre 2021 pour apporter des réponses dans le dossier Thomas Sankara et ses 12 compagnons. Le premier est le journaliste qui a lu la déclaration du Front populaire juste après l’assassinat de Thomas Sankara. Soupçonné de faux témoignage par les parties civiles et la défense, et considéré par ces dernières comme un accusé, elles vont évoquer l’article 120 du Code de justice militaire pour demander son arrestation immédiate. Le second était le chargé de la communication sous le CNR et proche conseiller du président Thomas Sankara. Pour lui, le père de la révolution avait créé beaucoup de mécontents dans son entourage du fait de son intransigeance et de ses prises de position.
Le 15 octobre 1987, le Pr. Serges Théophile Balima avait échangé avec Thomas Sankara une heure avant son assassinat. Il raconte que le président du Faso, a reçu deux coups de fil, l’un d’eux, était d’une femme qui lui a demandé de se sauver, car il sera assassiné. De ses confidences, le jour du drame, aux environs de 15 heures, la présidence était déserte, une situation trouvée bizarre par le témoin. Deux minutes après le départ de Thomas Sankara, son conseiller dit avoir entendu une détonation. « Sûrement un tir en l’air, une sorte de signal pour dire qu’il arrive », affirme-t-il.
Selon les confidences de l’universitaire, Thomas Sankara avait créé beaucoup de mécontents dans son entourage du fait de son intransigeance et de ses prises de position. Il raconte également que 12 jours avant le drame, le roi de Tenkodogo avait prédit la mort du leader du CNR au cours d’un échange que lui, a eu avec le chef coutumier dans son palais.
A la suite du Pr. Serges Théophile Balima, c’est le journaliste Gabriel Tamini qui a été appelé pour témoigner. Contrairement à son prédécesseur, son témoignage n’aura pas satisfait la Chambre. Le 15 Octobre 1987, Gabriel Tamini raconte qu’il était chez lui lorsqu’il a entendu des gens murmurer qu’il y a des tirs au Conseil de l’entente. C’est en cherchant à se mettre à l’abri, qu’il a été interpellé par Salif Diallo qui lui a fait comprendre que Blaise Compaoré veut le voir.
C’est également lui qui l’informe du décès de Thomas Sankara. Il rappelle que le premier choix du leader du Front populaire pour lire la déclaration, était Etienne Traoré ; et que c’est parce que ce dernier était introuvable que le choix a été porté sur lui. Après sa narration ponctuée d’hésitation et de points d’ombre, les parties civiles, sans détour trouvent qu’il devrait être plutôt dans le box des accusés et non dans celui des témoins. Elles vont s’atteler à démontrer le pourquoi. Le considérant comme un accusé, les parties civiles vont évoquer l’article 120 du Code de justice militaire, pour demander son arrestation immédiate. Elles auront le soutien de la défense. Le parquet militaire va s’y opposer.
Après une brève suspension, la Chambre va rejeter la requête de la défense et des parties civiles.
Julien Sawadogo
Latribunedufaso.net