Procès Thomas Sankara : Le témoin Boukary Douamba enfonce le colonel Jean Pierre Palm

L’adjudant-chef major à la retraite, Boukary Douamba, est un témoin dans le dossier sur l’assassinat du père de la révolution, Thomas Sankara et ses 12 compagnons. A la barre ce lundi 22 novembre 2021, il a chargé le colonel Jean Pierre Palm.

L’adjudant-chef major à la retraite, Boukary Douamba était chef service d’écoute à la gendarmerie le 15 octobre 1987. Cité pour témoigner dans le dossier Thomas Sankara, il raconte que c’est le lendemain qu’il a eu connaissance de la situation quand il est arrivé au service. Le commandant de la gendarmerie étant disparu, il confie avoir appelé l’ONATEL pour que les techniciens débranchent la table d’écoute, car les supérieurs étant absents, il ne recevait plus d’ordre ; et donc il n’était plus nécessaire de garder la table active. Il accuse l’accusé Jean Pier Palm de l’avoir mis aux arrêts quelques jours plus tard ; et raconte. Selon son témoignage, le colonel est venu à la gendarmerie avec un blanc pour inspecter la table d’écoute. A la fin de l’inspection, le blanc qui l’a accompagné, lui a suggéré, de le mettre aux arrêts sous prétexte qu’il était dangereux a indiqué le témoin. Il souligne que quelques jours après, des éléments sont venus l’interpeller et l’ont escorté à la gendarmerie où le colonel a ordonné de le conduire à la C. Il rappelle au passage que cette salle n’était pas fonctionnelle à la gendarmerie avant les faits. Dans cette sale, l’adjudant-chef major affirme avoir été détenu plus d’un mois, sans qu’on ne lui dise ce qu’il a fait. A sa libération, il a été affecté à Kombissiri où il a passé quatre mois, avant d’être rappelé à Ouagadougou, pour être rétabli dans ses fonctions d’écoute par celui qui l’avait fait arrêter a-t-il affirmé. Il accuse d’ailleurs son supérieur de détenir une liste dont il fait partie, et que ce dernier a déclaré que ceux qui ont leur nom sur cette liste, ne porteront plus jamais de casquette jusqu’à leur mort.

Le Colonel Jean Pierre Palm se défend

Invité à répondre des accusations portées contre lui, le prévenu Jean Pier Palm les réfute. Pour sa défense, l’officier supérieur déclare qu’en tant que chef de corps, il ne pouvait envoyer des éléments arrêtés un gendarme. Ce qu’il pouvait faire, soutient-il, c’est d’appeler le supérieur du gendarme en question, pour demander des sanctions. Pour ce qui est du blanc qui lui a suggéré de mettre aux arrêts le témoin, l’accusé déclare : « aucun blanc ne peut venir sur le sol burkinabè pour dire d’arrêter un gendarme ». En ce qui concerne la liste des « persona non grata », il affirme que cette liste a été dressée parce qu’au ministère de l’Administration territoriale, il y avait un manque de personnel, et donc les éléments qui ont leur nom sur la liste, seront affectés à ce ministère.

Invité par le président de la Chambre qui juge, à expliquer comment fonctionne la table d’écoute, le témoin Boukary Douamba, explique que pour mettre quelqu’un sur écoute, l’ordre vient des supérieurs. Il confie, qu’on leur donne un numéro de téléphone, sans attribuer le nom du propriétaire. A leur niveau, ils contactent l’ONATEL qui établit la connexion. Une fois que c’est fait, le témoin déclare, que ceux qui sont affectés à la tâche, écoutent, rédigent et rendent compte. La cassette est nettoyée après pour être réutilisée. Il confie avoir reconnu les voix de Jean Pierre Palm et de Blaise Compaoré, mais ne se rappelle plus de ce qu’ils se sont dits.

Le procès a été suspendu pour reprendre le mercredi 24 novembre. Ce sont des raisons de sécurité qui ont été avancées par le président de la Chambre sans rentrer dans les détails.

Julien Sawadogo

Partagez

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *