L’audience de ce mercredi 10 novembre 2021 dans le dossier Thomas Sankara et ses 12 compagnons, est marquée par les questions des avocats des parties civiles au général de brigade Gilbert Diendéré, les observations de ces derniers, les réponses du prévenu. Le général a refusé d’assumer ce qu’il n’a pas fait et assure que Blaise Compaoré ne lui a donné aucune instruction en ce qui concerne les évènements du 15 octobre.
Pour son second jour d’interrogatoire, la tension est montée par moment entre le général brigade Gilbert Diendéré et les avocats des parties civiles qui à travers leurs questions et observations, ont tenté de prouver qu’il n’est pas innocent des évènements du 15 octobre 2015, comme il tente de le faire croire. Face à la défense du général qui déclare ne rien savoir de ce qui se tramait au Conseil de l’entente dont il a en charge la sécurité, Me Ferdinand Zéba, semble être agacé. Pour lui, il doit assumer ce qu’il a fait, et va lui faire remarquer, qu’il s’attendait à autre chose de sa part. Ses propos ont visiblement mis le prévenu hors de lui. Il lance à l’avocat : « je suis bien le général Gilbert Diendéré, mais je ne vais pas assumer quelque chose que je n’ai pas fait. Non, non et non ! ». Pour lui, les éléments qui ont commis l’acte, ne l’ont pas fait, parce que c’est lui qui le leur avait demandé. De sa conviction, l’avocat est venu au procès avec une idée arrêtée. « Vous voulez que je dise que c’est Blaise Compaoré qui m’a envoyé. Je ne le dirai pas, car il ne m’a pas envoyé, et moi je n’ai envoyé personne », a-t-il déclaré.
Me Prospère Farama qui aussi a des doutes sur l’innocence de Gilbert Diendéré va revenir à la charge. Le prenant aux mots, il dit ne pas comprendre qu’en tant que chef de sécurité, il entend des coups de feu dans l’enceinte qu’il est sensé sécurisée, il a un talkie-walkie sur lui, il n’appelle pas ses éléments pour comprendre ce qui se passait, mais décide de se rendre directement sur le lieu sans arme. Il rappelle également qu’il avait un portatif sur lui, quand bien même il pouvait être joint par ses éléments sur le portatif, il n’a pas cherché à savoir pourquoi ils ne l’ont pas fait. Autre observation fait pas l’avocat, c’est le fait qu’en tant que chef de sécurité, qui a une centaine d’hommes en place pour sécuriser le Conseil, sept ou huit éléments viennent tirer, et la centaine de commandos bien formée, panique, certains prennent la fuite ; et après les évènements, personne n’a été sanctionnée. De sa conviction, le prévenu s’il n’a sanctionné personne, si son supérieur Blaise Compaoré n’a sanctionné personne, c’est qu’ils sont du même bord. Il lui rappelle d’ailleurs être convaincu qu’il ne convainc pas le Tribunal.
En réponse aux observations fait par l’avocat des parties civiles, l’accusé affirme dire ce qu’il a fait, et que libre à lui de déduire ce qu’il pense. L’homme en robe noire, va lui faire remarquer qu’il y a trop de contradictions dans ses propos, et que quelqu’un qui l’écoute toute l’année, ne peut jamais le comprendre. Le prévenu n’a pas souhaité répondre.
Julien Sawadogo
Latribunedufaso.net