Jean-Yves Le Drian, le ministre français de l’Europe et des affaires étrangères, a été reçu en audience ce vendredi 11 juin 2021, au palais de Kosyam par le président du Faso, Roch Kaboré. L’hôte fera savoir à sa sortie d’audience, qu’il a été question de venir présenter au président Kaboré les condoléances de la France, son empathie à l’égard du peuple burkinabé à la suite de l’attaque de Solhan.
Jean-Yves Le Drian, le ministre français de l’Europe et des affaires étrangères, de retour d’une visite à Abidjan, et prévoyant rencontrer le président du Libéria, dit avoir marqué un arrêt dans la capitale burkinabé pour apporter le soutien de son pays au peuple burkinabé, plus particulièrement les populations du village de Solhan. « Je suis venu saluer le président Kaboré et rencontrer mon ami Alpha Barry pour la suite des événements dramatique de Solhan. Ce déplacement n’était pas initialement prévu mais, il se trouvait que je me suis rendu hier à Abidjan pour inaugurer avec le président Ouattara l’académie internationale de lutte contre le terrorisme et j’avais par ailleurs prévu une visite au président Weah, à Monrovia. Avant de rentrer à Paris, je pensais indispensable de m’arrêter ici pour présenter au président Kaboré les condoléances de la France, notre empathie à l’égard du peuple burkinabé à la suite de ce carnage qu’a vécu la population de Solhan, et dire aux autorités du Burkina toutes nos amitiés, nos affections, notre volonté d’agir ensemble contre ce poison qui est le terrorisme», a-t-il déclaré au sortir de son entrevue avec le président du Faso.
Au-delà de ces civilités, les échanges ont porté sur la Force Barkhane et la Force conjointe du G5 Sahel. Jean-Yves Le Drian a alors indiqué qu’il n’y a pas de nouveautés dans les quatre axes essentiels de l’action commune à l’égard du Sahel, parce que ce sont les mêmes priorités que celles qui ont été évoquées à la fois au sommet de Pau, en janvier 2020, que celles qui ont été évoquées au sommet de N’djamena, en février 2020. « D’abord, poursuivre la lutte contre le terrorisme, même si le modèle de Barkhane n’est plus le modèle adapté et que nous voulons engager des consultations pour essayer de transformer ce modèle dans un modèle qui soit moins un modèle d’empreinte territoriale des forces françaises qu’un modèle de coopération et de soutien à l’égard des Forces qui sont des Forces des pays concernés ; ça n’empêchera pas du tout, au contraire de poursuivre notre lutte contre le terrorisme. Le deuxième axe, c’est le renforcement de la force conjointe du G5 Sahel. Il y a toujours ce qu’on a appelé le sursaut civique et politique, pour permettre aux Etats de reconquérir leur propre territoire dès que des territoires sont libérés avec la présence renouvelée de l’administration, des services éducatifs, des services hospitaliers, de la police bref, que les Etats reprennent leur place (troisième axe). Et la stratégie de développement que nous voulons poursuivre à l’égard des pays du Sahel et d’autres partenaires internationaux (quatrième axe)», a-t-il énuméré.
Pour lui, il n’y a pas d’intention de la France de se baser au Burkina Faso, mais plutôt une volonté de travailler de concert avec les Forces armées nationales afin de combattre le terrorisme. « Il n’y a pas d’intention de notre part d’installer une base militaire spécifique au Burkina, par contre, il y a notre volonté d’agir avec des Forces burkinabè pour combattre l’ennemie commun qui est le terrorisme », a fait savoir le ministre français des affaires étrangères. « La seule volonté que nous avons, c’est de combattre avec les Forces conjointes du G5 Sahel pour que le terrorisme ne s’impose pas comme la loi dominante pour les populations concernées, c’est pour cela que la France est là », a-t-il réitéré.
Selon l’hôte français, pour empêcher le terrorisme de gagner davantage de terrain et dicter sa loi aux populations des pays du G5 Sahel, il faut penser changement du dispositif et de la méthode Barkhane. « Nous savons depuis déjà plusieurs mois qu’il faut changer le dispositif Barkhane, parce qu’il faut s’adapter aux situations et que c’est sans doute plus la méthode et le modèle le plus performant pour lutter contre le terrorisme tel qu’il est aujourd’hui », soutient-il, annonçant le changement dans deux directions. « Et nous voulons le changer dans deux directions. D’une part, renforcer la coopération et le soutien auprès des armées africaines présentes sur le terrain et le faire aussi en collaboration avec l’organisme de formation que nous avons mis en place au niveau européen, qui est basé à Bamako et qui va déployer ses activités ici au Burkina ; faire en sorte qu’il y ait cette collaboration aussi avec la MINUSMA. Le deuxième pilier, c’est de renforcer le contre-terrorisme sous toutes ses formes avec la colonne vertébrale de la Force qu’on appelle la Force Takuba, établie par les Forces spéciales françaises, mais d’autres Forces qui viendront s’ajouter à cette force contre le terrorisme qu’il nous faut continuer à déployer dans le cadre des quatre piliers et des quatre axes précédemment évoqués. C’est une évolution de concept, un changement de modèle, mais ce n’est pas la fin de l’engagement », a laissé entendre Jean-Yves Le Drian.
Tambi Serge Pacôme Zongo
Latribunedufaso.net