Après les propos du maire de la commune de Ouagadougou, Armand Béouindé, tenus le dimanche 18 avril 2021 sur les antennes de Oméga médias, les agents de la mairie centrale de Ouagadougou, en situation d’irrégularités, ont animé une conférence de presse ce mercredi 21 avril 2021, à la bourse du travail de Ouagadougou. Nouphe Bamogo, porte-parole desdits agents, y a évoqué des éléments qui contredisent les propos du bourgmestre.
Nouphe Bamogo, porte-parole des agents en situation d’irrégularités a, à l’entame de son propos cité mot pour mot un extrait des propos du maire Armand Béouindé lorsqu’il est intervenu sur les antennes de Oméga médias. « Les occasionnels ne sont pas des salariés ni des employés de la mairie centrale. Il n’y a aucune loi qui m’autorise à les recruter ; ce sont des journaliers qui viennent aider la brigade verte en tant de besoin ; il n’y a pas de contrat entre eux et la mairie; le problème est définitivement réglé. », a-t-il cité.
Il a ensuite, avant d’avoir recours à des éléments de droits juridiques internationaux et nationaux et des correspondances administratives qui mettent en doute les propos du maire central de la ville de Ouagadougou, informé que les ouvriers ne sont pas des occasionnels qui viennent en appui à la brigade verte, mais des agents qui travaillent fréquemment pour la mairie centrale. « Ceux-ci travaillent du lundi au samedi soit 6/7 jours alors que la brigade verte ne travaille que 3/7 jours par semaine. Ces mêmes ouvriers sont repartis sur plus de 6 sites de travail à Ouagadougou », a-t-il expliqué tout en indiquant que selon l’Organisation internationale du travail (OIT), le travail occasionnel est l’embauche de travailleurs à très court terme ou sur une base occasionnelle ou intermittente, souvent pour un nombre spécifique d’heures, de jours ou de semaines, en échange d’un salaire fixé par les termes de l’accord de travail journalier ou périodique.
A travers des éléments de droits juridiques internationaux et nationaux; des correspondances administratives existantes et des interpellations, il s’est inscrit en faux par rapport aux propos du maire. Pour ce qui est des éléments de droits juridiques internationaux et nationaux avancés, il évoque entre autres le code du travail ; la Loi 028 du 13 mai 2008, qui dispose en son article 2 qu’ « est considéré comme travailleur au sens de la présente Loi toute personne qui s’est engagée à mettre son activité professionnelle moyennant rémunération sous la direction et l’autorité d’une personne physique ou morale publique ou privée appelée employeur. » ; et la Loi 03-2017/AN portant statut fonction publique territoriale en son article 7 disposant que « les agents des collectivités territoriales sont l’ensemble des personnes physiques recrutées et affectées pour assurer à titre permanent ou temporaire directement et personnellement une mission de services publics au sein de l’administration des collectivités territoriales .».
En ce qui concerne les correspondances administratives, Nouphe Bamogo a fait cas de certaines correspondances qui attestent que les ouvriers sont bel et bien reconnus par la mairie centrale. De ces dernières, la correspondance du ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation datant du 6 novembre 2018, référencé au N 2018-2348/MATD/SG et adressée au maire de la commune de Ouagadougou (Armand Béouindé ndlr) avec pour recommandation la mise en place, par délibération du conseil municipale, d’une commission ad’ hoc qui aura pour mission de faire des propositions en vue d’examiner la situation administrative du personnel occasionnel de la commune de Ouagadougou conformément à l’article 221 de la Loi N 55-2004/AN du 21 décembre 2004 portant code général des collectivités territoriales au Burkina Faso.
M. Bamogo a terminé en interpellant le président du Faso, les institutions de la république en charge des questions de médiation ainsi que la Coalition des syndicats libres et indépendants. Il invite le président du Faso à « accorder une oreille très attentive aux cris de détresse des ouvriers municipaux afin d’éviter le scénario regrettable de Mohamed Bouazizi en Tunisie, car depuis longtemps cette crise s’enlise dangereusement. », a-t-il déclaré. Aux institutions de la république en charge des questions de médiation et à la Coalition des syndicats libres et indépendants, il invite à « user des instruments juridiques internationaux paraphés par le Burkina Faso afin de s’impliquer activement dans cette crise, car la violation des droits des travailleurs est un péril pour tous. », a-t-il dit.
Tiba Kassamse Ouédraogo
Latribunedufaso.net