En conférence de presse, ce vendredi 29 janvier 2021, à Ouagadougou, l’Autorité de régulation du sous-secteur de l’énergie (ARSE) a présenté son rapport annuel d’activités de 2019. Ledit rapport est reparti en quatre parties à savoir les missions et attributions de l’ARSE, le cadre juridique et institutionnel, le point des activités réalisées et l’état du secteur de l’énergie.
Il s’est principalement agi pour Mariam Gui Nikiéma, présidente de l’Autorité de régulation du sous-secteur de l’énergie (ARSE) et principale animatrice de cette conférence de presse, de dresser l’état du secteur de l’énergie en 2019, de faire cas des faiblesses du secteur, d’aborder les activités réalisées au cours de ladite année, de mentionner les difficultés rencontrées avant de faire part des recommandations et perspectives de l’institution de régulation.
En ce qui concerne l’état du secteur en 2019, la présidente note un meilleur état comparativement à celui de 2018, et indique comme facteur clé de ce résultat les réformes engagées par le gouvernement, qui ont abouti à l’adoption de la loi 014 du 20 avril 2017 portant règlementation du secteur de l’énergie et la prise de certains de ses textes d’application. En termes de résultats globaux, la présidente de l’ARSE a entre autres noté une augmentation de 7% de l’énergie totale du système (Société nationale d’électricité du Burkina Faso et Coopérative d’électricité interconnectées) passant à 1 989 Gwh (Gigawattheure ndlr) contre 1 858 Gwh en 2018, soit un surplus de 131 Gwh ; une baisse de 26% de la production nationale (748 Gwh contre 1 016 Gwh en 2018), du fait de l’augmentation des importations et de la contribution d’AGGREKO (société d’électricité ndlr) ; le taux d’électrification nationale estimé à plus de 45% en 2019 contre 43,2% en 2018 (selon l’enquête régionale intégrée sur l’emploi et le secteur informel (ERI-ESI) réalisée par l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD) en 2018 qui prend en compte l’électrification des ménages par le solaire PV.
Des résultats par segments, elle note une hausse des importations d’énergie, notamment celles venant du Ghana (hausse de 113%) et une légère baisse de celle de la Côte d’Ivoire de 10%, due essentiellement à des problèmes techniques ; une réduction des pertes au niveau de la production et du transport (de 2,31% en 2018 à 2% en 2019, soit un gain de 0,31 point) ; une réduction des pertes au niveau de la distribution (de 13,62% en 2018 à 13,51% en 2019, soit un gain de 0,11 point) ; une amélioration de la qualité de service. Ces résultats, fait-elle remarquer, traduisent néanmoins une qualité de service insuffisante et ne sont pas un bon signal pour le climat des affaires, selon les critères de Doing Business de la Banque mondiale (BM).
Sur le plan économique et financier, Mariam Nikiéma déclare que pour la quatrième année consécutive, la SONABEL a réalisé un résultat net positif. « Il est de 2,266 milliards en 2019 contre 9,104 milliards en 2018. En contrepartie, l’Etat a subventionné le combustible consommé par la SONABEL, à hauteur de 39 milliards en 2019 contre 36 milliards en 2018. La subvention, rapportée au Kwh facturée au client est de 22,96 FCFA en 2019 contre 23,24 FCFA en 2018 », a-t-elle expliqué.
Les faiblesses du secteur énumérées sont relatives à l’insuffisance des investissements, à l’absence de réserve de production, à une forte dépendance à l’égard des énergies fossiles importées, au coût élevé du Kwh d’origine thermique diesel ; à la faible valorisation des ressources énergétiques endogènes. S’agissant des activités réalisées, au titre du Conseil de régulation, il est fait cas de l’examen de plusieurs dossiers sur le fonctionnement des services ; de cinq avis conformes émis et de trois avis simples émis. Au titre du règlement des litiges, il est mis en avant le dossier de la Coopérative d’électricité de Solenzo (COOPELSO), soumis en juillet 2018 en vue d’un « arbitrage final » sur le différend qui l’oppose à la commune de Solenzo. L’insuffisance des ressources financières et les lourdeurs des procédures de gestion financière et comptable sont les principales difficultés mentionnées.
Au regard des difficultés rencontrées, des faiblesses du secteur, des recommandations ont été formulées à l’endroit du gouvernement et à l’endroit des opérateurs du secteur de l’énergie. A la première entité, l’ARSE recommande de veiller à la mise à disposition de ressources suffisantes pour les activités de régulation et de doter le régulateur du pouvoir d’octroi des titres d’exploitation et du pouvoir de fixation/régulation des tarifs de l’électricité. Il est recommandé à la seconde entité, la mise en place de la séparation comptable de la SONABEL afin de mieux appréhender les coûts ; le paiement de la redevance énergétique conformément à la règlementation.
En somme, au vu des résultats présentés, Mariam Gui Nikiéma dit être convaincue que les réformes engagées par le gouvernement en 2017 en vue de la dynamisation du secteur de l’énergie électrique commencent à attirer les investisseurs privés nationaux et internationaux. Elle interpelle à cet effet sur la nécessité à ce que ces réformes se poursuivent afin de corriger les faiblesses qui marquent encore le secteur en termes de disponibilité de l’énergie en quantité et en qualité et d’accès des populations aux services énergétiques.
Tambi Serge Pacôme Zongo
Latribunedufaso.net