Cybercriminalité : Fin de cabale pour des vendeurs de sève de moringa et d’épices bios

La Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC), brigade mixte composée de policiers et de gendarmes, a mis la main sur deux présumés réseaux de cyber escrocs spécialisés dans l’escroquerie au moyen de communication électronique, d’usurpation d’identité, de faux et usage de faux et de blanchiment de capitaux. Les membres desdits réseaux et les objets saisis ont été présentés à la presse ce mardi 20 octobre 2020, à Ouagadougou.

Deux présumés réseaux de cyber escrocs, pratiquement un même modus operandi, et un préjudice estimé à plus de 100 millions FCFA (préjudice financier provisoire). Ainsi, pourrait-on caractériser les présumés cyber escrocs tombés dans les mailles de la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC). A en croire le commandant de la BCLCC, le commissaire de Police, Yoni Bantida, c’est à la suite de plusieurs plaintes de victimes qu’une enquête a été ouverte et a permis leur interpellation. « A la suite de plusieurs plaintes portées par des victimes de cyber escroquerie, la division des enquêtes de la BCLCC a ouvert une enquête ayant abouti à l’interpellation des deux réseaux de cyber escrocs », a-t-il fait savoir.

Lesdits réseaux, poursuit-il, sont spécialisés dans l’escroquerie portant sur la sève et les graines de moringa, les épices bios, la sève d’aloe vera ou de concombre de mer. En ce qui concerne le modus operandi, « ils se sont procurés huit petits téléphones spécialement dédiés à cette activité. Les nationaux sont chargés d’identifier les victimes et de fournir les informations sur elles…pour aborder la victime, des scénarii sont minutieusement montés selon les cas par le leader de chaque réseau », a déclaré le commandant de la BCLCC avant d’être plus exhaustif pour le cas du moringa.

« En ce qui concerne le moringa, un membre du réseau appelle la victime en lui donnant un nom fictif et se présente comme étant un étudiant à Paris. Il donne toutes les informations sur elle pour lui faire croire qu’il s’agit d’une connaissance. Si elle tombe dans le jeu, ‘’l’étudiant’’ lui dit que son tuteur est un docteur qui travaille dans un laboratoire à Paris, et que celui-ci est à la recherche d’une personne de confiance au Burkina Faso pour lui offrir une opportunité raison pour laquelle il a pensé à elle. Il poursuit en disant que le docteur voudrait que cette personne lui trouve de la sève de moringa pour le compte du laboratoire. Après cela, il passe le téléphone au docteur qui persuade la victime en la rassurant qu’il travaille dans le laboratoire NOVARTIS et qu’il a urgemment besoin de 700  litres de sève de moringa tout en lui faisant une proposition alléchante. Dès que la victime est emballée, il lui communique le numéro d’appel d’un ‘’vieux’’ censé l’orienter vers les fournisseurs du produit. Lorsqu’elle appellera, ce dernier joue le jeu et confirme l’existence du produit qu’il faut réserver auprès des fournisseurs à la frontière Burkina-Bénin. Pour cela, il lui faut de l’argent pour son déplacement. La victime contrariée se réfère au docteur qui la rassure et l’invite à payer la somme demandée car tout cela sera déduit des bénéfices que générera le business. Le vieux qui joue l’intermédiaire dira que les fournisseurs acceptent d’être payés à moitié et le reste après livraison et qu’il serait en train de venir avec la quantité de sève voulue. De nombreux paiements tels le code barre exigé par les forestiers, le produit pour la conservation et l’emballement de la sève, les frais de dédouanement, les amendes de police, réparation de véhicule en panne, frais de gasoil, ou autres lui seront demandé. Les montants de ces payements varient en fonction de l’intérêt que porte la victime sur l’affaire. », a-t-il expliqué.

Dr Babou Bazié, médecin à la retraite, est tombé sous le charme des réseaux escrocs et s’est fait gruger la somme de 3 millions 100 mille francs CFA. Présent à la conférence de presse, il a volontairement fait part de son histoire. « Un monsieur qui dit s’appeler Salam Ouédraogo m’appelle et dit qu’il voudrait un fournisseur d’épices. J’ai alors pensé à ma belle-fille qui fait l’hôtellerie, et ai remis le contact de mon fils au monsieur qui a promis de le contacter. Le jeudi 15, je vous assure que tout s’est passé entre 07 h et 14 h. Mon fils a accepté le principe. De marche en marche, on lui a demandé successivement 500 000 F., 1 000 000 F. et 2 100 000 F. (payés par moi-même). Le nommé Salam Ouédraogo demande encore 2 100 000 F. (pour l’emballage des produits). A cette demande, moi, j’ai dit que je n’ai plus d’argent, je m’arrête là. En parallèle j’appelle ma femme qui me dit que ce sont des arnaqueurs… ce montant n’a donc pas été donné… ils ont coupé la communication. Au total, j’ai été grugé d’un montant  de 3 100 000 F. », a-t-il raconté avant de remercier puis saluer la brigade pour le travail abattu. Il a, pour terminer, invité tout le monde à plus de vigilance. « Tout le monde peut être victime de cela ; soyez très vigilant ! », a-t-il lancé.

Le premier réseau se compose de H. C. G., né le 31 décembre 1985 à Naongon/ Covè en République du Bénin, commerçant domicilié à Cotonou de passage à Ouagadougou ; de N. H. C. T., né le 02 juillet 1994 à Ouidah/Bénin, étudiant domicilié à Calavi (Bénin), de passage à Ouagadougou ; de S.A.A., né le 15 juillet 1993 à Bobo-Dioulasso, agent de santé domicilié à Tampouy (au secteur 16 de Ouagadougou) ; et de Y.W.A., né le 02 septembre 1989 à Ouagadougou, employé de commerce domicilié au quartier Yagma (Ouagadougou).

Quant au second réseau, il se compose de trois membres. Il s’agit de C.A.K., né le 02 septembre 1989 à Ouagadougou, employé de commerce domicilié à Tampouy ; de O.R.A., né le 01 janvier 1990 à Issaogo (Kaya), chauffeur domicilié à Boansa (Ouagadougou) ; de K.P.D., né le 28 juillet 1991 à Nabadogo, employé de commerce domicilié à Sondogo (Ouagadougou).

Les objets saisis se composent de quatre motos dont deux Scooters et deux Sirius ; de huit smartphones ; de 20 petits portables ; et de de 32 cartes SIM dont trois SIM étrangères. L’enquête suit son cours. Les personnes interpellées seront immédiatement présentées au parquet pour les suites judiciaires.

Obessina Kalbi           

Latribunedufaso.net

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