Le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), a rendu public son 19e rapport annuel ou encore de 2019 sur l’état de la corruption au Burkina Faso. La Police municipale, la Douane et la Police nationale y sont respectivement classées comme étant les trois premiers services les plus corrompus.
Le sondage, qui a permis d’avoir les informations du présent rapport, s’est effectué sur la base d’un échantillon de 1990 personnes dont 49,3% d’enquêtés de sexe féminin. Les enquêtés sont jeunes, instruits et économiquement actifs dans leur majorité. Les résultats de l’enquête par sondage indiquent un niveau de corruption « très élevé ». Dit autrement, sur plus de 7 enquêtés sur 10, il ressort que la corruption est fréquente, et même très fréquente. 30,3% des enquêtés avouent avoir été victimes d’actes de corruption ou en avoir été témoins. En effet, des 1990 enquêtés, 1980 ont utilisé pour divers besoins environ 55 services publics et parapublics au cours de l’année 2019 ; le nombre total d’utilisations de ces services était de 16 397, soit 8 visites en moyennes par enquêté. Sur ledit total, 15 496 utilisations ont été satisfaites sans rétributions illégales, soit 94,5% des cas ; et 901 utilisations soit 5,5% des cas ont été l’objet de rétributions illégales. De cet ensemble des 55 services publics et parapublics utilisés en 2019, 23 ont totalisé au moins 30 sollicitations. Et dans 20 de ces 23 services, des rétributions illégales ont été offertes ou sollicitées. Ainsi, se dégagent 20 services classés selon le pourcentage de rétributions illégales enregistrées ; en d’autres termes, le classement de 20 services selon leur degré de corruption perçu par les enquêtés.
Les 20 premiers services les plus corrompus en 2019
La Police municipale vient en tête de ce classement, avec un taux de corruption de 64,9% enregistrés à travers son activité favorite, le contrôle de la circulation urbaine. Elle est suivie de la Douane, qui totalise 27,5% de taux de corruption par le biais d’opérations de contrôle au niveau des postes fixes. La Police nationale, troisième de ce classement, compte 18,9% de taux de corruption dans les opérations de contrôle d’identité et de documents sur les axes routiers, dans l’établissement de CNIB et dans d’autres actes (police judiciaire, légalisation, etc.). La DGTTM (Direction générale des transports terrestres et maritimes) est quatrième pour 15% de taux de corruption dans le retrait et le renouvellement des documents et l’examen du permis de conduire. Cinquième, la Gendarmerie nationale, avec 12,3% de taux de corruption dans les opérations de contrôles sur les axes routiers et des opérations de police judiciaire. Pour 12,2% de taux de corruption dans les opérations de visite technique, la CCVA (Centre de contrôle des véhicules automobiles) occupe la sixième place. La septième place est réservée à l’éducation nationale pour avoir comptabilisé 10,2% de taux de corruption dans la vente de places et dans les cas d’affectations, de traitement des avancements.
Huitième, l’action sociale, avec un taux de corruption de 9,1% dans le traitement des demandes de soutiens. Un total de 8% de taux de corruption dans l’établissement de documents et en ce qui concerne les visites dans les maisons d’arrêts et de correction, la gestion des dossiers de justice permet de classer la Justice à la neuvième place. La dixième place est pour les impôts/domaine, qui ont cumulé un taux de corruption de 5,4% dans les opérations de recouvrement et d’imposition des taxes/impôts et dans l’identification des parcelles. Onzième de ce classement, la Mairie ; elle enregistre 3,9% de taux de corruption dans l’établissement de documents, dans la gestion des questions foncières, dans l’occupation de domaine public, dans la divagation des animaux, etc. L’administration générale se retrouve en douzième position avec 3,6% de taux de corruption dans l’organisation des concours, l’établissement de documents, le traitement des avancements/carrières, etc. A la treizième place, l’on retrouve la CARFO ; 3,1% est le taux de corruption qui lui est attribué pour avoir accéléré le traitement des rentes. La santé occupe la quatorzième place, et comptabilise 2,9% de taux de corruption dans les cas de consultations, de réalisation d’examen, d’administration de soins, pour les places d’hospitalisations et dans la vente de médicaments. Le ministère de la Jeunesse et sport, quinzième, se voit attribuer 2,5% de taux de corruption dans le dépôt de réception de courriers. L’enseignement supérieur/recherche, avec 1,9% de taux de corruption dans les orientations et la gestion des bourses, est seizième. La CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale), 17e, comptabilise 1,1% de taux de corruption dans le paiement des allocations familiales. La SONABEL et l’ONEA respectivement 18e et 19e enregistrent moins d’un pourcent de taux de corruption dans la demande de branchement et le rétablissement de l’électricité et de l’eau courante.
Conclusions du rapport
Au terme de ce rapport, il apparait que la corruption est un fléau en progression au Burkina Faso. Cette progression du fléau de la corruption s’expliquerait en partie, par le contexte de mauvaises pratiques ambiantes doublé du climat d’impunité. L’ampleur du phénomène et ses méfaits, dit-on, devraient inciter à engager une lutte farouche contre celui-ci. Mais, le constat est amer, avoue-t-on avant d’être plus explicite : « au niveau des acteurs étatiques de lutte contre la corruption, en dehors des activités de sensibilisation des citoyens sur les méfaits de la corruption et sur la nécessité pour eux de faire de la loi anti-corruption un instrument de veille citoyenne, une ferme volonté et un engagement soutenu d’impulser une dynamique anti-corruption vigoureuse des gouvernants pour juguler le fléau de la corruption font cruellement défaut ». En ce qui concerne les actions des acteurs non étatiques, ils « cherchent leurs marques », en dépit des actions du REN-LAC et de la presse.
« Le pouvoir politique doit s’engager résolument dans la lutte contre la corruption. Quant aux actions pour endiguer la corruption, les enquêtés sont unanimes pour retenir comme actions principales de lutte contre la corruption, la sanction et la sensibilisation », a-t-on indiqué. L’on pense également à l’amélioration des conditions de vie et de travail et la promotion du bon exemple comme initiatives pouvant contribuer à combattre ce fléau.
Synthèse de Tambi Serge Pacôme Zongo
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