Les accidents de la circulation font beaucoup de victimes au Burkina Faso. Au cours du premier trimestre de 2024, 295 personnes sont décédées des suites d’accidents de circulation, selon des statistiques de l’Office national de la sécurité routière (ONASER). Pour la même période, 5 542 cas d’accidents de circulation ont été enregistrés avec plus de 3 700 blessés. Ces chiffres montrent l’ampleur du phénomène face auquel il faudra redoubler d’efforts pour y remédier. A Ouagadougou, la capitale, la situation est alarmante (15 302 cas d’accidents de circulation enregistrés en 2022, ONASER). En plus des entités publiques chargées de gérer la circulation, il existe aussi des bénévoles qui s’impliquent. Ils apportent leur contribution pour la promotion de la sécurité routière. Il s’agit notamment de l’Association Faso one village (AFOV). Latribunedufaso.net est allée à sa découverte.
Nous sommes au 29 août 2024. Il est 8h lorsque nous arrivons au carrefour de Katr Yaar, un quartier de Ouagadougou. C’est l’une des intersections les plus empruntées par les usagers de la capitale. Elle est située au niveau de la jonction entre la route qui mène à Katr Yaar et le boulevard des Tensoba. Chaque jour, le président de AFOV, Ousmane Sawadogo et ses éléments y interviennent pour réguler la circulation. Malgré la présence des feux tricolores, les accidents de circulation sont récurrents dans la zone.
Caché par les nuages, l’absence du soleil fait place à un beau temps ce matin. Un vent frais souffle. Les vrombissements des moteurs créent un vacarme. Des usagers arrêtés aux feux, s’impatientent. D’autres n’hésitent pas à brûler. C’est le cas d’un cycliste. Il est aussitôt conseillé par Ousmane Sawadogo qui lui rappelle l’importance du respect des règles de la circulation.
« Il y a des usagers qui ne savent pas s’arrêter aux feux. Le pire est que d’autres ne s’arrêtent même pas », a-t-il déploré. Avec sa silhouette élancée, il est habillé d’une chemise grise, d’un gilet jaune, d’un pantalon blanc et arbore une casquette blanche. Stationné au cœur de l’intersection, il fait des gestes, semblable à un maestro, pour diriger le trafic.
À chaque coin de l’intersection, Ousmane Sawadogo reçoit le soutien de ses collègues, qui font tous partie de l’association. Avec une pancarte de stop à la main et un sifflet dans la bouche, ils portent un uniforme bleu.
Noélie Ouédraogo est membre de AFOV. Elle affirme s’être engagée bénévolement dans la régulation du trafic afin de sauver des vies.
Depuis sa création, AFOV a mobilisé plus de 200 membres. Elle rencontre des difficultés pour financer ses activités. M. Sawadogo sollicite le soutien des autorités. Pour lui, ce qu’ils font est d’utilité publique. « Nous avons besoin de formation et de matériel comme des chaussures de sécurité, des chapeaux, des sifflets et des gilets », a-t-il mentionné. Pour l’instant, AFOV se sert de ses ressources afin de fluidifier la circulation et de « sauver des vies » au carrefour de Katr Yaar.
L’association faits du petit commerce pour financer ses activités
Selon le président, au début, la principale source de financement de l’association était les contributions des usagers. Néanmoins, certaines personnes considèrent que cela relève de la mendicité. Ils se sont plaints auprès des autorités. « Il y a des usagers qui n’aiment pas ce qu’on fait. Ils ont dit qu’il y a un monsieur au carrefour de Katr Yaar qui les empêche de circuler. Ils estiment qu’on les dérange, on frappe les véhicules et qu’on mendie. Ils ne disent pas la vérité », a affirmé M. Sawadogo.
AFOV a arrêté cette pratique. Elle a retiré ses membres dans les intersections de la capitale qu’elle occupait. Elle intervient uniquement au carrefour de Katr Yaar, selon Ousmane Sawadogo. Pour financer ses activités, AFOV vend des produits agroalimentaires (sel, spaghetti…) et du savon aux usagers de la circulation.
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Acheter ces produits, c’est soutenir les activités de AFOV. Il est vrai que « nous faisons du volontariat. Mais il faut au moins avoir l’argent de savon pour laver ses habits afin de pouvoir revenir le lendemain pour continuer ».
Jules Bazemo, un usager de la circulation, loue les actions de AFOV en faveur de la sécurité routière. Pour lui, cette association permet de réduire les cas d’accidents au carrefour de Katr Yaar.
Créée en 2008, AFOV avait pour domaine d’intervention, l’environnement. Face à la recrudescence du phénomène de l’incivisme en circulation, l’association a décidé d’apporter sa contribution à la promotion de la sécurité routière. Elle est ouverte à tout le monde. « Il faut être motivé. C’est du volontariat. Il faut vraiment aimer ce que tu fais », a cité Ousmane Sawadogo, comme condition.
Issouf TAPSOBA
Latribunedufaso.net