L’Université Joseph Ki-Zerbo a abritée, ce jeudi 18 juillet 2024 une conférence publique tenue par le Pr Bernard Kaboré. Elle a portée sur le thème, « Langues nationales et recherches scientifiques au Burkina Faso : Contraintes, enjeux, et perspectives ».
Dans sa communication, il a examiné les contraintes avant de dégager les enjeux et les perspectives pour une corrélation dynamique entre les langues nationales et la recherche scientifique au Burkina Faso.
Pour le communicateur, partant du constat général, l’existence de corrélation entre les langues nationales et de la recherche scientifique Burkina serait impossible. « Le français a dominé et domine tous les sphères sociales valorisante et valoriser au détriment des langues nationales » a-t-il signifié.
Par ailleurs, il poursuit qu’à titre d’exemple, il eu un moment au Burkina Faso où on parlait de français manche longe et de manche courte. La variété manche longue étant celle prisée et utilisée comme la langue de l’Administration, de la justice et de la recherche scientifique. « Ce qui faisait de la recherche scientifique une sorte de secte dont les acteurs font des incantations dans une langue inaccessible par la majorité et il la parlerais donc comme une onction du saint esprit », a-t-il ajouté.
Au regard de ce qui précède, Pr Bernard Kaboré se pose un certain nombre de questions. Quelle compatibilité existe-t-il entre langues nationales et recherches scientifiques ? Quel rôle peuvent jouer les langues nationales dans la recherche scientifique ?
Pour répondre a ces préoccupations, le conférencier avance que la recherche scientifique doit être une logique de publicisation opposée au paradigme isolant de l’époque classique. Il y’a donc une nécessité de corrélation entre langue et développement, entre langues nationales et recherches scientifiques surtout au Burkina Faso ou la procédure de diffusion et d’appropriation des savoirs est hypothéquée par le monopole du français.
Dans sa communication , Pr Kaboré a ensuite fait l’etat des lieux de l’utilisation des langues nationales dans les sphères au Burkina.
A ce niveau, il a fait cas de l’éducation non formelle et de l’éducation de base formelle. A titre d’exemple, au niveau de la justice, du Parlement et de l’Administration publique, le Professeur en socio-linguistique affirme que c’est la langue française qui est utilisée. Il indique que « la plupart des citoyens ne peuvent pas suivre les prises de position des élus au Parlement ou les langues nationales n’ont pas droit de citer ».
De ce qui précède on peut noter que l’utilisation des langues nationales se remarque essentiellement au niveau de l’enseignement. Il a donc fait le constat que la politique linguistique est sectorielle.
Les différentes contraintes en lien avec les recherches scientifiques relevées lors de cette communication sont notamment la timidité des actions pour la promotion des langues nationales, le manque de documents scientifiques en langues nationales, le manque de collaboration entre les acteurs scientifiques et linguistiques et la non maîtrise des langues nationales par les chercheurs. En plus, les politiques linguistiques et de promotion sont peut favorables aux langues nationales.
En ce qui concerne les enjeux, le conférencier du jour fait comprendre qu’il est important de préconiser la réduction de la précarité communicationnelle et d’établir la durabilité communicationnelle. Aussi, il faut faire en sorte que les langues nationales soient de véritables moyens de formation et de communication des citoyens à tous les niveaux.
Quant aux perspectives, il s’agit, entre autres, de travailler à une collaboration entre les acteurs de recherche scientifique, alphabétiser les populations et travailler à développer les compétences des chercheurs en langues nationales.
Par ailleurs, il faudra également créer, au besoin, un ministère chargé de la promotion des langues nationales ou rattacher le secrétariat permanent à la Présidence du Faso et inviter les chercheurs à animer des émissions en langues nationales et concevoir des bandes dessinées en langue nationale.
En somme, Pr Bernard Kaboré a terminé sa communication avec une pensée de Sékou Touré qui indique que « lorsqu’on parle de sous développement c’est parce que les dirigeants et les dirigés ne se comprennent pas ».
En rappel, Pr Bernard Kaboré est titulaire d’un doctorat en socio linguistique depuis 2005. Il est actuellement le Directeur de l’Unité de Formation et de Recherche (UFR) Lettres Arts et Communication (LAC).
Inès Tougma
Latribunedufaso.net