Le Secrétariat permanent du Comité national de lutte contre la drogue (SP/CNLD) a organisé à l’attention des étudiants, une conférence publique sur le thème : « La problématique de la prise en charge des troubles liés à la consommation de drogues au Burkina Faso ». C’était le 21 juin 2024 à l’Université Joseph Ki-Zerbo à Ouagadougou. Cette initiative entre dans le cadre de la célébration de la Journée internationale contre l’abus et le trafic illicite de drogues qui se tient chaque 26 juin de l’année.
Selon le Secrétaire permanent du CNLD, l’Inspecteur général de police, Emanoel Kaboré, la frange jeune de la population est la plus touchée par ce problème de drogue. En plus de la répression, il y a des structures de prise en charge des troubles liés à la consommation de la drogue. A l’écouter, l’objectif de cette conférence est de sensibiliser les étudiants sur les dangers liés à la consommation de la drogue et promouvoir la visibilité de ces structures.
La conférence a été animée par Arouna Ouédraogo, Pr de psychiatrie à la retraite. Il a axé sa communication notamment sur l’ampleur du phénomène sur le plan international et national, les défis et les obstacles liés à sa prises en charge au Burkina Faso et à proposer quelques pistes de solutions.
En 2021 39,5 millions de personnes souffrent de troubles liés à la consommation de la drogue dans le monde
A l’écouter, la question de la consommation de drogues est un phénomène planétaire qui est à la fois complexe et diversifié et touche toutes les catégories socioéconomiques.
Selon le rapport mondial 2023 sur les drogues de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime organisé (ONUDC), 296 millions de personnes ont consommé la drogue en 2021. Sur les 10 dernières années, ce chiffre connait une augmentation de 23%. Toujours selon ce rapport, le nombre de personnes souffrant de troubles liés à la consommation de drogue dans le monde est de 39,5 millions de personnes. Ce nombre connait également une augmentation de 45% au cours des 10 dernières années.
Au Burkina Faso, le conférencier note une insuffisance de données en la matière. Cependant, des enquêtes sur des populations spécifiques ont permis d’avoir une cartographie des substances consommées localement. Il s’agit entre autres du cannabis, des amphetamines, des antalgiques opiacés comme le tramadol, de l’héroïne, de la cocaïne et des solvants. A cela s’ajoutent les substances licites qui sont le tabac et l’alcool.
Selon Pr Arouna Ouédraogo, des études ont montré que ces substances sont la porte d’entrée à la consommation de la drogue. « La plupart des personnes ayant un problème avec les drogues illicites, ont débuté avec la cigarette, soit l’alcool », a-t-il indiqué. Le phénomène a pris de l’ampleur. Il faudra y apporter des solutions. Au Burkina Faso, il existe cependant des difficultés dans sa prise en charge.
Les défis et les obstacles du traitement des troubles liés à la consommation de drogue au Burkina
Selon le conférencier, il s’agit notamment des défis liés à la stigmatisation et à la discrimination des personnes dépendantes de drogue de la part de la société et « malheureusement » de certains professionnels de santé, du coût élevé du traitement, de l’insuffisance de service spécialisé et de la complexité des soins. A cela s’ajoute l’accès limité au traitement de substitution.
Proposition de pistes de solutions
Afin d’apporter des solutions à ces difficultés, Pr Arouna Ouédraogo a proposé quelques solutions. Pour lui, il faut sensibiliser et former les professionnels de santé sur les approches non stigmatisantes et les impliquer dans le repérage précoce de dépendance à la drogue, Créer des unités spécifiques de cure ambulatoire en alcoologie et mettre en place des unités d’hospitalisation en adductologie dans chaque Centre hospitalier universitaire (CHU). Elles offriront les services de désintoxication, de soins médicaux et de soins psychiatriques.
En outre, Pr Arouna Ouédraogo recommande la création des services de proximité d’écoute, de diagnostic précoce et de prise en charge dans les arrondissements des grandes villes afin d’accompagner les personnes souffrantes d’adduction à la drogue. Aussi, il faut mettre en place un système de subvention incitatif et adapté à la prise en charge des troubles liés à la consommation de drogue.
Issouf Tapsoba
Latribunedufaso.net