Le warrantage : Hausse de 191 % du taux de crédit entre 2011 et 2013

La difficulté d’accès au crédit pour les agriculteurs africains et burkinabè  auprès d’institutions financières a fait naitre une autre technique d’obtention de crédit pour cette frange du monde rural. Le warrantage, système de crédit rural et collectif, initié par l’organe des nations unies chargé de l’alimentation et de l’agriculture (FAO), offre la possibilité aux agriculteurs de stocker leur production afin d’obtenir en retour du crédit. Allons-y donc à la découverte de ce système !

Le warrantage existe au Burkina Faso depuis 2005. Les expériences développées dans le pays, depuis celles du Sud-ouest, avec l’Union Ten Tietaa et la Coopérative de prestation de service agricole (Cop-sa-C), toutes deux organisations faîtières, sont qualifiées de « warrantage paysan », car localisées au niveau du village. De manière générale, trois types d’acteurs participent au warrantage le producteur, une Institution de micro-finances (IMF) et un entreposeur.

Comment ça marche ?

La période de stockage commence environ un mois après le début des récoltes, le temps nécessaire au nettoyage, au séchage et à la préparation des grains. Après la récolte, le producteur remet une partie des grains à l’entreposeur, qui leur remet un reçu spécifiant la quantité et la qualité du produit entreposé. Seul les produits agricoles non périssables (mil, sorgho, riz, maïs, sésame, gombo, arachide, etc.) susceptibles de voir leurs prix augmenter au cours de l’année agricole peuvent être utilisés comme garantie. La capacité des entrepôts dépasse rarement 80 tonnes. Le stock constitue une garantie liquide et divisible, et  permet aux producteurs d’obtenir un crédit de 70% à 80 % de la valeur du stock à la récolte auprès d’une institution de microfinance. Les taux de remboursement environnent souvent les 100 %.

Les frais de stockage sont fixes et s’élèvent à 100 F CFA par mois et par sac (600 F CFA par campagne). Le prix du sac varie entre 200 FCFA et 550 FCFA selon le type de sac. Le coût du transport jusqu’à l’entrepôt dépend de la distance séparant le paysan de l’entrepôt de warrantage ; il peut aller jusqu’à 400 F CFA maximum. Six mois environ après la constitution du stock, entre avril et juin, les producteurs remboursent le crédit et les intérêts à l’institution de micro-finance (IMF).

Convient-il aux agriculteurs?

Le warrantage est « rentable » économiquement pour le producteur lorsque le prix des produits warrantés augmente suffisamment, entre les phases de stockage et de déstockage, pour couvrir le taux d’intérêt versé aux IMF.

Au Burkina Faso, un recensement des principales expériences de warrantage lors de la campagne 2012- 2013 faisait état d’environ 4 000 tonnes de céréales stockées, dans plus de 100 entrepôts de stockage ; ce qui a permis l’ouverture de près de 300 millions de FCFA de lignes de crédit auprès du Réseau des caisses populaires du Burkina (RCPB). Le warrantage ne représentait alors au Burkina que 2 % du portefeuille de crédits agricoles de la RCPB, mais c’est un produit en plein essor. D’après des estimations du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) à partir des crédits du RCPB, les volumes de crédit ont augmenté de 191 % entre les campagnes de 2011-2012 et de 2012-2013.

En somme, ce crédit permet aux producteurs de faire face à leurs besoins de liquidités sans avoir à vendre leur récolte à un moment où les prix sont au plus bas. Il permet aussi à certains producteurs d’investir dans des activités de contre-saison.

Tiba Kassamse Ouédraogo (Stagiaire)

Latribunedufaso.net

Sources :   rapport de recherche d’OXFAM, « Warrantage paysan au Burkina Faso », octobre 2015 (document) ;

  • « le warrantage de la COPSA-C dans le Sud-ouest du Burkina Faso », Fatouma Déla Sidi et Salmou Hassane, novembre 2012 (projet FAO).
Partagez

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *