Le mercredi 08 novembre 2023, l’audience de l’affaire charbon fin a repris au Tribunal de grande instance Ouaga 1. Elle oppose l’Etat à la société minière IAMGOLD Essakane SA.
Ce jour il était principalement question de savoir si oui ou non les observations faites par le Pr Yonli sur le rapport d’expertise étaient avérées. Pour ce faire le président du tribunal a autorisé les experts à projeter les résultats de leur rapport dans lesquels ils pensent trouver leur réponse. Après avoir projeté ces résultats, les experts ont été soumis aux questions des différentes parties.
C’était d’abord au tour du parquet qui demande aux experts si les propos tenus par le Pr Yonli sur le fait qu’il y avait plus de minerais que de charbon dans la cargaison sont avérés. Aussi il a voulu savoir pourquoi les experts n’ont pas signifié cela plutôt.
Les experts Gomina et Ilboudo ont répondu par l’affirmative. « Oui, la cargaison contenait plus de minerais que de charbon fin, ce qui n’est pas surprenant pour nous puisqu’il s’agit de résidu de charbon fin », ont -ils laissé entendre. A les écouter la cargaison était composée essentiellement de pulpe, de scories et de cendre. Le charbon fin représente 34,7%, ont-ils ajouté.
Ensuite viens le tour du conseil de l’État. Lui, voulait être rassuré quant à la minorité du charbon fin par rapport au minerais dans la cargaison. De plus, le conseil de l’État a voulu se rassurer sur le taux d’humidité. « Est-ce normal qu’après le procédé utilisé par Essakane on se retrouve avec autant de taux d’humidité ? », a-t-il demandé aux experts. Me André Ouédraogo a aussi voulu savoir si une expertise pouvait être encore faite sur la cargaison entière afin de déterminer le taux exact des autres composants après le procédé d’homogénéisation utilisé.
Les experts reste constants. « Il n’y a pas que du charbon fin », ont-ils répété au conseil de l’État. Pour la seconde question, les experts ont fait comprendre qu’après avoir lavé et séché il est impossible dans la procédure scientifique de retrouver autant de taux d’humidité dans le charbon fin. Pour ce qui est du procédé d’homogénéisation utilisé, selon les experts c’est seulement les échantillons qui ont été touchés. « Les sacs sont restés intacts, on peut toujours faire des traitements », ont laissé entendre les experts.
Enfin au tour de la défense de poser ses questions aux experts. Les questions de la défense visaient à comprendre si accidentellement les autres composants de la cargaison pourraient se retrouver dans le charbon fin d’Essakane. Elle voulait également savoir l’importance de l’échantillonnage dans une expertise.
A cela les experts ont soutenu que vu que les matériaux subissaient des manipulations à chaque moment, il se pourrait que par mégarde un mélange soit observé. Cependant, au regard de la technique par laquelle Essakane procède (lavé, séché..), il est impossible qu’autant d’or se retrouve dans le charbon fin. Les experts ont également expliqué à la défense que l’échantillonnage a une place importante dans l’expertise, voire même la première place.
La défense a ensuite présenté une image d’un outil, selon elle, utilisé par Pr Yonli pour faire son échantillonnage. Il a demandé aux experts si cet outil peut-il être utilisé dans le cadre de l’échantillonnage dans une mine? Ces derniers ont répondu n’avoir j’avais vu un tel outil être utilisé pour faire de l’échantillonnage. A les écouter, ça peut plutôt faire une prise. Sur cette base, la défense note qu’il y a une différence entre une prise et un échantillon. Elle a donc conclu que le Pr Yonli avait fait une prise et non un échantillon.
A la suite de ces interventions, le président du tribunal a suspendu l’audience pour reprendre le lendemain, 9 novembre 2023.
Issouf Tapsoba et Nabintou Ouattara (stagiaire)
Latribunedufaso.net