Contribution de la culture dans la résolution de la crise sécuritaire : L’institut FREE Afrik pose le débat

Dans le cadre des activités de la 10e promotion de « l’Université de la jeunesse », l’institut FREE Afrik a organisé le vendredi 22 septembre 2023 à Ouagadougou, une conférence publique sur le thème « Culture et développement : que peut la culture face à la crise ? ». Cette rencontre a pour but d’échanger sur la contribution de la culture dans la recherche de solutions à la crise sécuritaire que traverse le Burkina Faso.

Elle a été animée par le cinéaste Gaston Kaboré et l’économiste et Directeur exécutif de l’institut, Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo. 

Il ressort des échanges que la crise sécuritaire à laquelle le pays fait face est la conséquence d’une instrumentalisation de certains paramètres culturels. Il s’agit notamment de l’instrumentalisation de l’esprit, de la religion et d’un discours de haine diffusé longuement sur les antennes. Selon Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, le terrorisme est un produit culturel. A l’écouter, la culture a un rôle important dans la résolution de cette crise. Elle doit accompagner la réponse militaire. « En dehors d’attaquer les FDS et les populations, les terroristes attaquent aussi l’école, une infrastructure culturelle. Donc la réponse aussi doit être la production d’une culture favorable à la paix », a-t-il expliqué.

Pour les conférenciers, la conception de la culture en tant qu’une chose de dynamique et de création permet de mieux comprendre les causes de cette crise et de trouver de meilleures solutions. Elle peut aider à tisser des liens car « nous vivons à un moment où la société est fracturée ». La posture culturelle apparaît donc comme un formidable moyen pour essayer de rassembler la Nation.

Pour Gaston Kaboré, cette crise est peut être une opportunité pour se questionner sur l’identité culturelle du burkinabè. Aussi, il évoque une insuffisance des dispositifs culturels de règlement de conflits pour venir à bout de cette crise. « Il faut se questionner sur l’apport de certains dispositifs culturels comme la parenté à plaisanterie parce qu’elle ne suffit plus. Il faut aller plus loin que ça », a-t-il souligné avant d’ajouter qu’il « faut qu’on apprenne à être nous même des acteurs du changement que nous souhaitons avoir ». 

Pour sa part, il dit utiliser le cinéma pour apporter quelque chose à la fois de l’ordre de l’émotion et de la réflexion au spectateur. « C’est la combinaison de cette émotion et de l’apprentissage authentique que fait cette personne en regardant mon film qui va l’amener à faire des pas vers la résolution des choses auxquelles elle est confrontée », a-t-il ajouté.

Le Directeur exécutif de l’institut FREE Afrik déplore que les victoires des terroristes contre « nous » sont malheureusement nombreuses. « Ce n’est pas seulement les défaites, mais aussi la violence, la fragmentation et la pensée rigide qui se développe à l’intérieur de notre corps social. On est devenu moins pluriel. On est entrain de façonner une pensée unique et de se faire la guerre à nous même. Ça c’est très dangereux car cette crise est aussi née de la non communication et la non rencontre entre nous », s’est-il expliqué.

Pourtant, a-t-il ajouté, nous sommes dans une crise qui appellent à la parole, à la production d’idées et cela rime avec confrontation et divergence. Mais elle doit se faire dans des cadres de concertation pour créer un consensus. C’est une guerre qui nécessite un élan unitaire et cela ne se décrète pas, ça se construit patiemment par une attitude culturelle. 

En rappel, la présente conférence publique se tient en marge de la sortie de la 10e promotion de « l’Université de la jeunesse ». C’est un programme de formation dédié aux jeunes à travers des conférences animées sur plusieurs thématiques notamment, la culture, l’économie, le développement humain etc. Il vise à développer leur capital humain des afin de les aider à faire face aux défis du pays. La sortie de cette promotion porte à 371 le nombre de jeunes qui ont bénéficié des enseignements de cette école depuis le début de l’initiative. Chaque promotion a appris auprès de 38 formateurs dans plusieurs disciplines.

Issouf Tapsoba 

Latribunedufaso.net

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