Le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) a organisé une conférence publique le samedi 4 juillet 2020. Actualité oblige le thème décortiqué portait sur la participation des jeunes à l’enracinement de la démocratie en rapport avec les élections couplées de novembre 2020.
« Participation de la jeunesse à l’ancrage démocratique : quels enjeux pour les élections couplées de 2020 ?». C’est sous thème que la cellule CGD de l’Université Norbert Zongo de Koudougou a tenu sa conférence publique avec pour principal orateur le journaliste Ismaël Ouédraogo, Directeur général de la télévision Burkina Info. Sans langue de bois et sans faux fuyant, il a invité son auditoire estudiantin à avoir un engagement citoyen ; à se départir de cette «conscience permanemment constipée» qui laisse régulièrement entendre que le jeu électoral est truqué, que tout est joué d’avance.
Pour lui, les jeunes doivent participer aux élections et s’intéresser davantage à la chose publique. Afin de mieux se faire comprendre, Ismaël Ouédraogo a lu l’article 12 de la constitution burkinabé, qui dispose que : « tous les Burkinabè, sans distinction aucune, ont droit à participer à la gestion de l’État et de la société». Du même coup il fait savoir que l’exercice du droit de vote n’est pas assujetti à une obligation, mais si l’on ne fait pas usage de ce droit, les autres iront voter, et leur choix sera celui de ceux qui n’ont pas voté aussi.
A ce jour le pays des Hommes intègres compte près de 200 partis et formations politiques repartis entre la majorité présidentielle (MPP et ses alliés), le Chef de file de l’opposition (Zéphirin Diabré et les siens), l’Opposition non alignée (le Pr Soma et ses compagnons). Un nombre qu’il trouve pléthorique. « Chaque année, on donne à ceux qui ont eu au minimum 3% des suffrages aux élections législatives 500 millions de FCFA à se partager. Sur un mandat présidentiel, cela fait plus de 2 milliards de FCFA qu’on donne aux partis politiques pour les activités hors campagne, pour venir discuter avec vous », a poursuivi le journaliste. Il estime en outre que les 100 millions de FCFA que reçoit le Chef de file de l’opposition (CFOP) chaque année et les près de 5 milliards de FCFA donnés comme subvention aux partis politiques sur un mandat présidentiel aurait pu être utilisés pour la formation des jeunes qui représente l’avenir du Burkina Faso.
« La déception de la gouvernance» et « le manque de repère politique» sont, selon lui, les indicateurs majeurs de la non-participation des jeunes aux différents votes. Les élections constituent donc une tribune au cours de laquelle on doit pouvoir faire le tri entre les bons et mauvais acteurs politiques. En réponse au comportement tendancieux des politiciens, notamment dans la délivrance massive et gracieuse des Carte nationale d’identité burkinabé (CNIB), le conférencier conseille : « Prenez les CNIB, mais ça ne doit pas être une consigne de vote ». Et comment choisir un bon candidat ?», lui lance une étudiante. A cette question, le conférencier l’invite à, davantage s’intéresser aux programmes de tous les candidats déclarés et de ne considérer comme important ni la provenance ni la religion d’un candidat. L’autre piste qu’il lui a donné et par ricochet à tous, c’est la possibilité pour tout jeune ayant l’âge minimal de 35 ans de prétendre à la magistrature suprême. «La loi le dit et le permet ; tout jeune, à partir de 35 ans peut être candidat à l’élection présidentielle», a-t-il dit.
Pour Yaya Sanou, étudiant en licence géographie et 1er vice-président au point focal structure CGD pour la région du Centre-ouest, vu la tenue prochaine des élections couplées, il était important que la jeunesse estudiantine soit outillée sur la chose démocratique. Et le choix porté sur la personne du journaliste Ismaël Ouédraogo est la conséquence d’un vote qui s’est tenu à l’interne. En ce qui concerne le thème de la conférence, « il a été choisi pour faire savoir que la carte d’électeur est une arme qu’il faille utiliser à fin utile», a-t-il indiqué en substance.
Julien Sawadogo
Latribunedufaso.net