En octobre 2014, le peuple burkinabè mettait fin au pouvoir de son Président Blaise Compaoré, ce qui a conduit le pays dans une période de transition jusqu’en 2015. Cette année encore, le pays se voit plonger dans une autre période de transition, après le coup d’État militaire du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) survenu en janvier 2022. Ainsi, le mardi 05 avril 2022, le Premier ministre du Gouvernement de la transition qui a été mis en place, Albert Ouédraogo, a procédé à la présentation de sa feuille de route devant l’Assemblée législative de la transition (ALT).
En vue donc de mener des réflexions sur la transition 2014-2015, et d’en tirer des leçons pour rendre la transition en cours propice au renforcement de la démocratie au Burkina Faso, le consortium constitué du Centre pour la gouvernance démocratique, de l’organisation non-gouvernementale Diakonia et du National democratic institute (CGD-Diakonia-NDI) a animé ce mardi 12 avril 2022 à Ouagadougou, un dialogue démocratique.
« De la Transition de 2014-2015 à la transition de 2022 : leçons et perspectives pour une transition propice à une consolidation de la démocratie», c’est sous ce thème que ce débat démocratique s’est tenu ce mardi 12 avril 2022. Une initiative d’un consortium composé du Centre pour la gouvernance démocratique, de l’organisation non-gouvernementale Diakonia et du National democratic institute (CGD-Diakonia-NDI).
Pour les organisateurs de ce débat, la situation socio-politique qui prévaut au Burkina Faso depuis le coup d’État de janvier 2022, interpelle tous les acteurs du pays et requiert de tous une attention et un engagement particuliers, que ce soit individuellement ou de façon collective. C’est pourquoi, il est important de se pencher sur les enjeux de la transition que le pays a vécu en 2014-2015, afin d’en tirer les leçons qui s’imposent pour relever les défis actuels. « Un défi certes, mais également une nouvelle opportunité de poser les fondements d’un retour définitif à l’ordre constitutionnel normal et à un réel processus de démocratisation qui répond aux attentes et aux aspirations de tous les citoyens. Ce dialogue démocratique est donc le lieu de confronter différentes analyses, de recueillir les suggestions susceptibles d’impacter le processus en cours et les réformes en perspective », a indiqué la représentante du consortium, Nadine Koné, Directrice pays de Diakonia.
Pour faciliter les échanges qui ont été modérés par le Pr Serges Théophile Balima, trois (3) panelistes ont donné leur lecture du thème. Il s’agit entre autres de Abdoul Karim Saidou, Enseignant à l’Université Thomas Sankara (UTS) ; Martine Yabré, Experte en genre et participation citoyenne ; et Siaka Coulibaly, analyste politique.
Se penchant sur la question de la transition de 2014-2015, Abdoul Karim Saidou, en a relevé des forces, notamment en matière de productions législatives. En effet, il estime que beaucoup de réformes importantes dans le cadre de la bonne gouvernance et dans le cadre constitutionnel ont été entreprises et on en voit les résultats aujourd’hui. Cependant, Il y a eu un certain nombre d’insuffisances, selon lui, comme le fait que les élections n’ont pas été inclusives, et des insuffisances en matière de coordination entre les organes de la transition. « Pour la transition en cours, c’est le lieu aujourd’hui de voir dans quelle mesure on peut capitaliser sur l’expérience de 2015, pour éviter les erreurs qui ont été commises, afin de faire en sorte que cette transition soit le début de la refondation d’une véritable société », a-t-il ajouté, se réjouissant déjà du fait que pour cette transition, le Premier ministre Albert Ouédraogo a fait une présentation de la feuille de route du Gouvernement devant l’Assemblée législative de la transition (ALT), ce qui ne fut pas le cas lors de la transition 2014-2015.
Quant à Siaka Coulibaly qui a fait sa présentation sur les défis et enjeux de cette transition en cours, il pense que l’insécurité, les tensions politiques sont des problèmes de terminaison de l’action de l’État. C’est donc l’inefficacité de l’État qui est à l’origine de toutes ces crises dans le pays. Par conséquent, selon l’analyste politique la priorité des priorités est de restaurer l’État, car si l’Etat fonctionne normalement, tous les déficits qui sont constatés seront résorbés. « Et je constate que les autorités de la transition actuelle ont déjà su identifié ce défi dans leur agenda, notamment dans le point stratégique 3 de la feuille de route présenté par le Premier Ministre », a-t-il déclaré.
Intervenant sur les réformes à engager pour plus de sécurité et de cohésion sociale, Martine Yabré, elle estime que le pays dispose de toutes les ressources nécessaires et il suffit d’exploiter les réformes déjà existantes comme il le faut et arrêter le gaspillage. De ce fait, elle est revenue sur un certain nombre d’instruments tels le rapport du Collège des sages de 1999 ; les travaux du Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP) de 2011 ; les travaux de la Commission de réconciliation nationale et des réformes (CRNR) en 2015 ; etc. « Je voudrais donc inviter chacun à aller revisiter les réformes qui existent déjà », a-t-elle affirmé.
Alizèta Zouré
Latribunedufaso.net