Invité par le Centre de presse Norbert Zongo (CPNZ) pour communiquer autour du thème : « Quel sort judiciaire pour le dossier Norbert Zongo ? », Me Prosper Farama, avocat engagé dans la lutte pour la manifestation de la vérité sur l’assassinat de Norbert Zongo, va indiquer que sur le plan juridique, le dossier étant devant la Cour européenne des droits de l’homme les avocats ne peuvent rien faire. Cependant soutient-il, sur le plan diplomatique, l’on peut espérer que l’Etat burkinabè insiste auprès de l’Etat français sur l’importance du dossier pour ce qui est de l’évolution de l’encrage des droits humains au Burkina. C’était ce lundi 13 décembre 2021, à l’occasion de la commémoration du 23e anniversaire de l’assassinat du célèbre journaliste.
Norbert Zongo, était un journaliste qui ne luttait pas pour avoir pouvoir, qui n’avait que seule arme sa plume, et qui a été sauvagement assassiné pour avoir revendiqué ses droits, revendiqé le minimum pour ses concitoyens. 23 ans après, « Quel sort judiciaire pour le dossier Norbert Zongo ? ». En réponse à cette interrogation, Me Prosper Farama a rappelé les faits marquants la procédure. Il s’agit du manque de volonté de la justice de se saisir du rapport fournit en 1999 par le comité national indépendant pour mener une enquête qui va déterminer les responsabilités. Il explique que suite aux pressions que subit le gouvernement, le dossier sera ouvert deux ans plus-tard ce qui va aboutir à l’interpellation de Marcel Kafando, le chef de sécurité de François Compaoré.
En 2006, le juge Wenceslas Ilboudo va prononcer un non-lieu contre l’inculpé, mais également contre X, « ce qui prouve la volonté de ce dernier d’étouffer l’affaire » a souligné le communicateur. Il soutient que le dossier va connaitre un rebondissement quand deux cousins de David Ouédraogo, le chauffeur de François Compaoré torturé et assassiné et sur qui enquêtait, Norbert Zongo quand il a été assassiné, ont pris attache avec la justice pour témoigner contre le petit frère du président du Faso à l’époque. Les tentatives de ce dernier, pour contrecarrer les deux témoins, et la décision de la justice, donnent une autre tournure au dossier a indiqué l’avocat. Il indique qu’en 2021, le dossier va connaitre un rebondissement avec la condamnation de l’Etat burkinabè à indemniser la famille de la victime.
Des déclarations de Me Prosper Farama, la procédure va connaitre une accélération en 2014, avec le saccage du domicile de François Compaoré suite à l’insurrection populaire. Au domicile de ce dernier, des documents qui sont en lien avec l’affaire ont été retrouvés alors qu’il a toujours nié se reprocher quelque chose dans le dossier. En 2014, un nouveau juge nommé va trouver des éléments compromettants ceux qui ont été cités dans le dossier et se rend compte que François Compaoré n’y est pas étranger. C’est ainsi qu’un mandat d’arrêt international sera lancé contre lui, et s’en suivra la procédure judiciaire à rebondissement autour de son extradition a déclaré l’homme en robe noire.
François Compaoré, un aveu de culpabilité
Aujourd’hui, le combat des conseils de François Compaoré, est d’éviter qu’il soit extradé pour être jugé au Burkina Faso. C’est une éventualité qu’il faut prendre en compte. Cependant, cela ne mettra pas fin à la procédure rassure Me Prospère Farma. De ses explications, le dossier peut être jugé au Burkina, en l’absence du principal suspect. Il souligne que s’il venait à être jugé en son absence, serait un jugement par défaut ; et sans détour, il sera condamné, parce qu’il n’aura pas la possibilité de se défendre. Son absence est considérée comme un aveu de culpabilité et donc il sera condamné à la peine maximale soutient-il.
Sur le plan juridique, le dossier étant devant la Cour européenne des droits de l’homme, il indique qu’actuellement les avocats ne peuvent rien faire. Cependant sur le plan diplomatique, il estime que l’on peut espérer que l’Etat burkinabè insiste auprès de l’Etat français sur l’importance du dossier pour ce qui est de l’évolution de l’encrage des droits humains au Burkina. En ce qui concerne les défenseurs des droits humains, il pense qu’il faut rester mobiliser jusqu’à ce que justice soit rendue à Norbert Zongo.
Julien Sawadogo
Latribunedufaso.net