Au Burkina Faso, notamment à Ouagadougou, il n’est pas rare de constater des produits avariés en vente chez certains commerçants ; cela est même devenu une coutume. Fièrement, sans scrupule aucun ni gêne, ils exhibent ces produits impropres à la consommation au niveau de leurs étalages et les servent à leurs clients. Cette situation, nous l’avons vécue, il y a de cela quelques jours.
« Mais pourquoi ? », sommes-nous tentés de demander. Oui, pourquoi une telle « méchanceté » ? A-t-on perdu le bon sens ? Avons-nous oublié ce que représente une vie humaine ? Ce sont-là autant de questions que l’on se pose quand on constate de plus en plus le comportement inqualifiable de personnes se disant des commerçants. Eh oui ! ces personnes qui sont prêtes à offrir des produits avariés à leurs clients, ne méritent pas le titre de « Commerçant ». Car un Commerçant, c’est avant tout une personne digne et fière de ce qu’elle fait comme activité. Un Commerçant, c’est celui-là qui se soucie du bien-être de ses clients, voire se met à la place de ceux-ci afin de mieux satisfaire leurs besoins. Si nous tenons de tels propos, c’est parce que l’on a l’impression que vendre du « poison » aux honnêtes gens est légal et juste sous nos cieux. « Poison », parce que lorsqu’un produit commence à perdre de sa fraîcheur et surtout à présenter un aspect de décomposition, il devient nocif à la consommation ; à titre de rappel pour ceux qui l’auraient oublié ou qui semble l’ignorer.
Il y a quelques jours de cela, comme à notre habitude, nous nous sommes rendus chez une vendeuse de fruits en bordure de voie, dans l’un des quartiers de la ville de Ouagadougou. C’est ainsi que, avec toute la familiarité qui s’est installée entre la vendeuse et nous, nous avons émis le souhait d’avoir de la banane. Avec un léger sourire, elle se saisit d’un sachet noir, et pendant qu’elle procède au tri pour nous ravitailler, nous avions le regard un peu détourné le temps d’une ou deux secondes ; profitant alors de cet instant d’inattention de notre part, « madame la commerçante » de fruit tire des bananes enfouies au bas de son étalage qu’elle finit par mélanger à d’autres bananes présentes en bonne place au niveau de l’étalage et de les introduire dans « notre sachet noir ».
Ayant quelque peu aperçu le geste d’une rapidité remarquable, nous avons aussitôt le sachet reçu, ouvert afin de vérifier ce que notre œil a semblé voir. Tristesse mêlée à de la désolation et à de………… (silence !), tel fut notre sentiment après avoir ouvert le sachet et lui avoir demandé de changer les bananes qui n’étaient pas à notre convenance ; ce qui fut fait sans remords ni excuses. Les conséquences d’un tel acte qui semble banal : primo, la perte d’un client fidèle ; secondo, l’exposition des clients à de nombreux maux ; et tierto, la mise en danger de la vie des clients.
Il est donc important de retenir que ce ne sont pas seulement les grossistes, suivez notre regard, qui écoulent quotidiennement des produits avariés sur le marché de consommation. C’est vrai que ces derniers mois et temps, des cargaisons et donc des tonnes de produits impropres à la consommation (viandes, poissons, boissons) ont été saisis, puis incinérés ; mais il ne faudrait pas oublier les boutiquiers dans les quartiers, les commerçants ambulants, les alimentations et surfaces de ventes « d’un certain standing », les vendeurs et vendeuses dans les marchés, etc.
Loin de nous l’intention de donner des leçons à qui que ce soit, mais nous voulons en appeler au respect de la personne humaine, de la vie humaine tant sacrée. De tels agissements auront toujours cours dans notre société du fait de brebis galeuses qui y existent, c’est une triste réalité ! C’est en cela qu’un appel est lancé aux autorités compétentes à vraiment tirer le taureau par les cornes et de surtout privilégier l’intérêt général de la nation ; expression qu’ils aiment tant faire entendre lorsque cela les enchante. Toi, qui te dit Burkinabè, héritier de Thomas Sankara, habitant, ami et frère du Burkina ne reste pas en marge de cette mission de veille et de dénonciation.
Tambi Serge Pacôme Zongo
La Tribune du Faso