Mariage précoce : Le rêve brisé de ‘’Farida’’

Le mariage des enfants est un phénomène récurrent dans certaines régions du pays des Hommes intègres. D’un village à un autre les cas foisonnent et se terminent souvent de la même manière. Soit une fugue, un suicide ou un crime.  Pour le cas de Farida (non d’emprunt), la solution a été pour elle de carrément quitter le pays le jour de ses noces.

Née dans un village à l’Ouest du Burkina Faso, Farida ne fut scolarisée que lorsqu’elle avait 8 ans. A 12 ans elle était au Cours moyen première année (CM1) et passait en classe supérieur en fin d’année. Pendant les vacances et afin d’avoir un peu d’argent pour la rentrée scolaire, elle décida de se rendre dans la capitale,  Ouagadougou pour assister une dame de son village en tant que nounou. Cela moyennant une prime mensuelle. Avec cette somme, elle comptait avoir de quoi payer des fournitures, des habits et bien se préparer pour son examen de Certificat d’étude primaire (CEP).

C’est déjà la rentrée des classes, après trois mois en ville, Farida retrouve ses camarades sur les bancs de l’école primaire publique de son village et décroche son Certificat à 13 ans. De parent pauvre et n’ayant pas eu d’aide pour s’inscrire dans un établissement, elle décide de repartir en ville pour se chercher. Cette fois-ci pas pour trois mois mais pour un an au moins. Son objectif, travailler, gagner de l’argent afin de  pouvoir s’inscrire à la prochaine rentrée en 6e et venir en aide à sa pauvre mère et à ses jeunes frères et sœurs.

Après un an de durs labeurs dans la capitale la jeune fille de 15 ans retourne chez les siens pour réaliser son rêve de poursuivre les études. C’est à cet instant que toute sa vie va basculer.  Pendant qu’elle se tuait à la tâche en ville, ses parents avaient déjà scellé son sort en acceptant la demande en mariage d’un homme bien nanti et qui avait déjà deux femmes. A 15 ans, Farida devenait ainsi la troisième épouse d’un homme qui avait presque l’âge de son père (40 ans).

Ce fut un mariage pompeux dans le village, c’était la joie chez les convives sauf chez la mariée. Ne voulant pas se laisser faire, la mariée avec l’aide d’un jeune du village à fuguer pendant la nuit de noce. Entouré de ses tantes en attendant l’instant d’intimité avec son homme, Farida prétexta une envie d’aller se soulager. Comme dans bon nombre de village, les besoins se font dans la nature. C’est par ce subterfuge que la nouvelle mariée qui avait fomenté le coup avec un jeune d’un village voisin, s’éclipsa derrière le buisson et passa entre les mailles de sa gardienne de tante qui l’attendant dans la pénombre. Destination un pays voisin pour échapper à la consommation de ce mariage précoce.

Alice Kouaman/Zonou

Latribunedufaso.net  

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