Fraude à la CNSS : Le président du jury de surveillance et son vice se contredisent à la barre
Suite au recrutement de mai 2018 à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, une accusation de fraude avait défrayé la chronique surtout sur les réseaux sociaux. Afin de situer les responsabilités sur cette affaire louche, la Justice s’était saisie du dossier. C’est ainsi qu’après l’audience du 7 janvier dernier qui n’avait pas pu permettre de livrer le verdict, le procès a repris ce mardi 4 février 2020 au tribunal de grande instance de Ouagadougou. A la barre, Daniel Sawadogo, Chef de gestion administrative et prévisionnelle à la CNSS, qui a nié les faits qui lui sont reprochés. A cette audience, ce dernier et Norbert Zéda, ex-DRH de la CNSS ne parlent pas le même langage. L’audience a été suspendue et reprendra le 18 février 2020.
Poursuivi pour fraude, d’avoir favorisé une fraude au concours de recrutement de 85 agents au compte de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), Daniel Sawadogo, Chef de service gestion administrative et prévisionnelle à la CNSS ne reconnaît pas les faits qui lui sont reprochés. Il lui a été notamment reproché, à cette audience du 4 février de n’avoir pas informé son supérieur hiérarchique, c’est-à-dire, l’ex-DRH de son lien avec certains candidats et ce, avant le déroulement du concours, alors qu’il était dans le processus d’organisation dudit concours en tant que vice-président du jury de surveillance. Daniel Sawadogo aurait présenté à l’ex-DRH son frère Abel Sawadogo et son frère en Christ, Marcel Zongo tous deux alors candidats. En effet, selon les faits relatés, Daniel Sawadogo, avait au cour du tirage au sort qui s’est déroulé à l’ANPE (Agence nationale pour la promotion de l’emploi), présenté de façon informelle, son petit frère et Marcel Zongo à l’ex-DRH après que ces derniers aient pu tirer « Oui » au tirage au sort permettant de participer au concours proprement dit.
Confronté à ces propos tenus ultérieurement, le vice-président du jury de surveillance au moment des faits, a avoué que lorsqu’il présentait ses connaissances à l’ex-DRH, son intention n’était pas que celui-ci fasse quelque chose en leur faveur. L’ex-DRH ne reconnait pas avoir échangé avec son ex-collaborateur sur la situation de Marcel Zongo, qui serait dans une posture sociale difficile. Mais Daniel Sawadogo maintient sa position sur l’information informelle de l’ex-DRH. Et pour l’ex-DRH qui, depuis le début de l’audience, relevait que Daniel Sawadogo serait celui qui lui a proposé les noms des agents qui feront la levée des anonymats, son ex-chef de services est catégorique : « Je n’ai jamais été associé. Je n’ai pas participé à la levée des anonymats. Mon travail s’est arrêté après l’administration du concours. Et après, j’ai été associé à la délibération ».
Abel Sawadogo, témoin admis audit concours est le petit frère de Daniel Sawadogo. Il a été confronté à la copie qui semble être manipulée et qui aurait fait de lui un admis à ce concours. Il reconnaît que la copie incriminée lui appartient car c’est sa signature qui y est apposée. Et pour la différence d’écriture entre l’entête le corps du devoir, Abel Sawadogo, dit avoir utilisé deux stylos au cours de la composition. Autre chose concernant cette copie, la correctrice ne reconnait pas l’observation qui figure sur la copie incriminée. Mais pour Me Marcellin Zéba de la partie civile, cette différence d’écriture est la preuve que cette copie à la base de l’admission de Abel Sawadogo a été manipulée.
Sur la question du Tribunal de savoir ce que pense Daniel Sawadogo de ce qui est constaté sur les copies de ceux qui semblent lui être proches, il répond ainsi : « Je constate qu’il y a eu une manipulation des copies mais je n’ai absolument rien avoir avec. Je n’ai jamais eu accès au bureau de l’ex-DRH depuis que les copies y ont été déposées ». Mais Liliane Saré, secrétaire de direction à l’époque des faits, a indiqué que Daniel Sawadogo a souvent eu accès au bureau de l’ex-DRH tout comme les visiteurs, l’agent de liaison et certains agents. Et pour elle, c’était souvent pour des appels externes et pour le rafraichissement à partir du réfrigérateur que les agents entraient dans le bureau de l’ex-DRH. Après des observations des Conseils des 7 prévenus, le Tribunal a suspendue l’audience qui reprendra le 18 février 2020.
Alexandre Moyenga (Stagiaire)
Latribunedufaso.net